CHRISTOPHE THIVRIER, MAIRE DE COMMENTRY

22 janvier 2025 | Personnalités

 

Christophe THIVRIER, dit « Christou », est né le 16 mai 1841 à Durdat Larequille, d’un père ouvrier agricole et d’une mère au foyer. Il entre à la mine, âgé d’une dizaine d’années dans des tâches à ciel ouvert, puis au fond des puits.

Christophe THIVRIER sentit toutefois la nécessité de s’instruire. Il alla trouver un instituteur laïc qui consentit à lui enseigner ce qu’il savait, le soir, après la sortie de la mine. «Christou » trouva le moyen de prélever 15 francs par mois sur son salaire pour payer les leçons qu’il prenait. Le dimanche, il lisait.

Christophe THIVRIER s’engage politiquement à partir de 1865. Afin de garantir l’indépendance nécessaire pour mener son combat, il quitte la mine dirigée par le maire d’alors. Il travaille comme poseur sur la voix ferrée de Gannat, et parallèlement, apprend  la boulangerie.

Dans sa maison des Rémorêts, il ouvre une boutique de pain en 1869, puis un commerce de vin en gros en 1871. C’est dans cette maison qu’ont lieu les réunions de la « Marianne », société secrète qui tentait d’unifier les revendications ouvrières.

Avec son épouse, Marie MARTIN, il a quatre enfants : Alphonse qui deviendra maire ; Léon qui siègera au conseil général et à la chambre des députés ; Isidore qui sera président du conseil général de l’Allier, député et dernier maire de la IIIe République ; Angeline épouse d’Ernest Jean Semonsut (connu sous le pseudonyme de Ernest Montusès) qui sera conseiller municipal de Montluçon.

En 1874, « Christou » devient membre du Conseil municipal de Commentry.

En 1877, lors de la crise opposant le président Mac-Mahon, monarchiste, au parlement républicain, le conseil municipal est dissout et son commerce est fermé par l’autorité préfectorale.

Le 1 août 1880, il est élu conseiller d’arrondissement du canton de Commentry. Cette même année, la visite de Jules GUESDE constitue  un tournant pour la construction du socialisme local dont THIVRIER  devient le chef de file. Il adhère alors au parti Ouvrier avec son cercle républicain local.

Le 1 août 1881, il est réélu conseiller municipal, mais à l’époque où les maires sont nommés, l’Etat lui préfère Jean-Pierre DESGRANGES. « Christou » a pour lui sa légitimité électorale et tient une place incontournable dans l’assemblée locale.

En 1882, après les élections complémentaires, alors que les conseillers municipaux peuvent désormais choisir leur maire, par 17 voix sur 22, Christophe THIVRIER est élu, le 4 juin, maire de Commentry, le plaçant en tête de « la première municipalité socialiste élue au monde ».

THIVRIER fait face à l’opposition du patronat et de l’administration. Il doit également subvenir aux besoins de sa famille et devient briquetier, puis ouvre une entreprise de construction.

Il perd son siège en 1884, mais il est à nouveau élu maire en 1888. Sa municipalité met en place une commission consacrée aux questions intéressant la classe ouvrière : vote des vœux pour le salaire minimum, la suppression du budget des cultes au profit du financement des écoles, la réduction du temps de travail, l’impôt sur la fortune en remplacement de l’octroi, la création d’un corps d’inspecteurs du travail, l’amnistie des grévistes, une constitution démocratique. Mais encore, la municipalité  donne à la place de la mairie, le nom de place du 14 juillet, s’engage à payer aux pauvres : chauffage, pain, frais d’hospice. «Christou» propose aussi  d’occuper les ouvriers privés d’emploi à des tâches d’entretien des chemins communaux, la première bibliothèque municipale est créée, des fournitures scolaires sont mises à disposition des enfants pauvres.

Le 23 novembre 1888, un arrêté préfectoral suspend le maire de ses fonctions. Il est révoqué par décret au prétexte d’avoir assuré de sa sympathie le congrès syndical de Bordeaux et pour avoir organisé politiquement les ouvriers de sa ville.

Redevenu débitant de vin, il fait face à des attaques contre son honneur professionnel, mais est réhabilité. Il est ensuite accusé d’avoir menacé deux employés de la régie de son « gouyat » et est là encore innocenté.

En 1889, il devient le  premier conseiller général socialiste de l’Allier, mandat qu’il perdra lors de l’élection du 4 août 1895… Quatre jours avant son décès.

Sources : – le livret émis par la ville de Commentry en 2022 pour le 140e anniversaire de l’élection de Christophe THIVRIER

– le livre d’Ernest Montusès, le député en blouse