ALEXANDRE VARENNE : DE LA MAIRIE DE SAINT-ELOY-LES-MINES AU MINISTERE D’ETAT

5 juin 2023 | Personnalités

De retour d’Indochine en 1928, Alexandre VARENNE est réélu Député. Raymond POINCARE reconduit dans ses fonctions de Président du Conseil lui propose, néanmoins, de poursuivre son mandat à la tête de l’Indochine. C’est une satisfaction morale pour l’ancien Gouverneur Général, mais les blessures sont lentes à cicatriser, il souhaite tourner la page.
En 1930, à l’image de Jean JAURES qui a été le représentant des gueules noires à Carmaux, Alexandre VARENNE devient Maire de Saint-Eloy-les-Mines. Mais la décennie qui commence sera délicate : sur le plan personnel, il doit faire face au décès de son épouse. Sur le plan économique, la crise déclenchée en 1929, s’est propagée à travers le monde, les revenus baissent, le chômage explose. Sur le plan politique, l’Allemagne s’est réfugiée dans les bras d’Hitler, en France le Gouvernement est dirigé par Pierre LAVAL dont l’ambition semble sans limite
C’est dans ce contexte que les élections de 1936 font le lit du front populaire. Léon BLUM s’installe à Matignon, Alexandre VARENNE battu, voit triompher les idées pour lesquelles il s’était inlassablement engagé : l’union des gauches.
La guerre qu’Alexandre VARENNE voyait venir éclate en septembre 1939. La France connait l’une de ses pires périodes : armée en déroute, des millions de civils sur les routes, le repli du Gouvernement à Bordeaux, puis à Vichy, les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, les procès politiques, les déportations, cinq longues années d’humiliation durant lesquelles Alexandre VARENNE sera l’infatigable avocat des victimes du nazisme. Dès le 10 juin 1940, dans ‘’La Montagne’’, Alexandre VARENNE titrait
« Préparons la résistance » et persistera à porter la plume dans la plaie. En conséquence, son journal sera le plus censuré de France, Alexandre  VARENNE décidera d’en cesser la parution le 27 août 1943, il reparaitra le 15 septembre 1944. Entre temps, Alexandre VARENNE sera ‘’limogé’’ de sa fonction de Maire en octobre 1942.
Alors que le 6 juin 1944 s’engage la Bataille de France, l’heure des règlements de compte ne tarde pas à sonner, une justice expéditive se met en place, VARENNE condamne toutes les horreurs.
Le 25 août 1945, Paris est libéré.
Le 26 août 1945, le Général de GAULLE se rend rue Saint Dominique où il retrouve les lieux d’où la débâcle l’a chassé quatre ans plus tôt « rien n’y manque, excepté l’Etat. Il m’appartient de l’y en remettre. Aussi m’y suis-je d’abord installé ». Alexandre VARENNE et Paul BASTID sont parmi les visiteurs les plus assidus, les plus écoutés aussi par le Général de GAULLE qui doit composer son gouvernement provisoire. Quant à Alexandre  VARENNE, il fait son retour à l’Assemblée, tout d’abord sous l’étiquette du Parti Radical, puis au sein de l’Union Démocratique et Socialiste de la Résistance (UDSR).
Mais si le Général de GAULLE jouit d’une légitimité incontestable, il doit s’effacer devant les deux Assemblées qui ne parviennent pas à mettre en place une constitution devant fonder la IVe République. Il démissionne de ses fonctions de Président du Gouvernement provisoire de la République le 19 janvier 1946 du fait de son opposition au ‘’régime des partis’’.
Félix GOUIN devient Président du Conseil avant de céder sa place à Georges BIDAULT. Alexandre VARENNE devient, à soixante-quinze ans, Ministre d’Etat.
Cette nomination intervient alors qu’HO CHI MINH a proclamé la République Démocratique du Vietnam. La solution semble être diplomatique, c’est dans ce contexte que s’ouvre la Conférence de Fontainebleau à laquelle participent VARENNE et HO CHI MINH. Les pourparlers débouchent dans une impasse. Le 16 février 1947, Alexandre VARENNE prépare à son domicile son intervention à l’Assemblée sur ce sujet quand il meurt subitement.
C’est Edouard HERRIOT qui prononce l’hommage au disparu, éloge qu’il conclura par «il fût un formidable Français ».

 

Sources :
– le Colloque 2021 animé par Anne-Sophie SIMONNET, journaliste à La Montagne
– le livre de Jean FILLIOZAT : Alexandre VARENNE, d’une Montagne à l’autre