L’AMICALE LAÏQUE DE SAINT-MAIGNER
Les Chantiers de la Jeunesse étaient un organisme de l’Etat français créé en 1940 pour encadrer, en zone libre, les jeunes atteignant l’âge de leurs obligations militaires. Pour accueillir ces jeunes, des camps furent édifiés à la fin de l’année 1940, dans des zones à l’écart des villes et des villages.
Pour assurer leur logement, l’Etat a eu recours à des baraques dites « Adrian » du nom de son concepteur, directeur de l’habillement militaire qui avait déjà à son actif le concept du casque d’acier adopté par l’Armée française en 1915.
Aisément démontable et remontable ces baraques en bois ont été fabriquées à des milliers d’exemplaires au cours de la Grande Guerre pour pallier à la pénurie d’hébergement de toute sorte à l’arrière du front où les besoins pendant et immédiatement après la guerre étaient immenses.
Après la seconde guerre mondiale, un certain nombre de baraques des Chantiers de la Jeunesse qui n’ayant plus d’affectation ont été dévolues à des associations en quête de locaux pour leurs activités sociales et culturelles. Les organismes attributaires devaient faire une demande et procéder eux-mêmes au démontage, à l’enlèvement et au remontage.
De la sorte, en juin ou juillet 1945, l’Amicale laïque de Saint-Maigner affréta trois camions pour charger à Aigueperse les éléments de la baraque qui lui avait été attribuée. C’était en principe un édifice de six mètres sur vingt, mais qui s’est révélé être seulement de quatre mètres sur vingt. Il s’agissait de la chapelle du camp.
Les travaux de terrassement et de remontage ont été effectués par des bénévoles et la baraque, rebaptisée « Maison des Jeunes », a été inaugurée officiellement en octobre 1946. A partir de cette date, la Maison des Jeunes a servi pour les activités culturelles et sociales de l’Amicale laïque, bals et représentations théâtrales notamment, tout en étant, à l’occasion, mise à la disposition d’autres associations.
A sa grande époque, dans les années cinquante et soixante, quatre bals annuels étaient organisés (pour la fête de printemps, pour la fête patronale en septembre, à Noël et en soirée d’un dimanche). Animés par des orchestres locaux, les bals étaient très fréquentés, avec plus de trois cents entrées.
En avril, deux séances théâtrales se déroulaient, en soirée le samedi et en matinée le dimanche avec au programme ballets des scolaires et pièces de théâtre jouées par des scolaires et des jeunes de l’Amicale. Ces pièces nécessitaient trois mois de répétition pendant l’hiver.
Avec le produit de ces festivités (droits d’entrée aux théâtres et aux bals ainsi que les recettes de la buvette) étaient organisés, chaque année, un voyage scolaire gratuit d’une journée pour les enfants de l’école et leurs parents et un voyage payant de trois ou quatre jours pour les adultes.
Il faut ajouter qu’entre 1946 et 1966, la période fut l’âge d’or des Amicales laïques en milieu rural, celle de Saint-Maigner a compté jusqu’à soixante membres, pratiquement tous des agriculteurs.
A partir de 1967, une première baisse de régime est observée : abandon du théâtre, départs de membres actifs, non renouvellement par les jeunes classes.
Mais la période d’activité se termine véritablement avec la fermeture de l’école primaire le 30 juin 1969 entrainant le départ de l’instituteur qui était le secrétaire et l’animateur de l’Amicale.
Au cours des ans, des réparations ont été effectuées et des améliorations apportées, la plupart du temps sur un monde bénévole : réfection de la toiture, agrandissement à l’arrière pour y entreposer le matériel, peinture et aménagements intérieurs.
En outre, l’apparition de nouvelles normes de sécurité pour les établissements recevant du public a interdit à partir d’un certain moment l’utilisation de la salle sauf aménagements onéreux que les finances de l’Amicale ne pouvaient supporter.
Les activités collectives dans la baraque ont cessé en 1993, date à laquelle une salle des associations a été aménagée dans l’enceinte de l’école désaffectée.
Sources : un demi-siècle d’animation socio-culturelle à Saint-Maigner par R Peyronnet et JJ Lauvergne.