LA COMBRAILLE, LE PAYS DU KAOLIN

9 décembre 2024 | Histoire & Économie

Si la présence de kaolin à Echassières était connue dès le début du XIXe siècle, présence révélée par Henri LECOCQ, naturaliste Clermontois, son exploitation sera assurée grâce à trois initiatives locales visant à favoriser le développement industriel de leur région.

Les kaolins de Beauvoir :

La découverte industrielle du kaolin revient à Pierre-Antoine JOUHET, né à Echassières en 1791. Avoué à Bourges et à Paris, il épouse en 1822, Françoise DURANTHON, fille d’une famille aisée. Il revient au pays, y achète le château de Beauvoir, forteresse médiévale ainsi que plusieurs domaines agricoles.

En 1825, lors de travaux de drainage sur ses terres, Pierre-Antoine JOUHET découvre un premier gisement de kaolin. Associé à ses deux neveux, les frères DUBOUSSET, ils entreprennent  l’exploitation de la carrière de Beauvoir, avec trois défis à relever :

  • D’abord apprendre le métier d’exploitation de carrière puisqu’aucun des trois actionnaires ne disposaient de compétences en la matière dans une région où la main d’œuvre était tiraillée entre l’emploi à la carrière et les exigences des petites exploitations agricoles,
  • Ensuite, face à la concurrence, anglaise notamment, il fallait apprendre les bonnes pratiques. Pierre DUBOUSSET s’est rendu en Angleterre pour les apprendre des industriels anglais,
  • Enfin, il fallait maitriser la qualité du produit commercialisé auprès des fabricants de porcelaine. La conduite de l’exploitation a été confiée à Antoine DUBOUSSET, médecin généraliste.

Avec beaucoup de conviction et des efforts constants pour en  améliorer la qualité, le kaolin de Beauvoir a conquis sa place sur le marché français, développement favorisé par la présence, in situ, de nombreuses sources, ressource capitale,  le processus exigeant une très grande quantité d’eau.

Aujourd’hui, Beauvoir continue son activité, sous couvert du groupe Imerys.

Les kaolins des Colettes :

L’exploitation des kaolins des Colettes est le fruit de la rencontre de deux hommes :

  • Charles de CADIER, Baron de Veauce : les Cadier, ancienne famille moulinoise, possédait depuis longtemps les terres de Veauce le château qui est une ancienne forteresse médiévale du XIVe siècle. Parlementaire sous le Second Empire, il devint mécène local.
  • Le Duc Charles de Morny : fils naturel d’Hortense de Beauharnais et du comte de Flahaut, il est le demi-frère de Napoléon III. Elu du Puy-de-Dôme puis Président du Corps Législatif, il résidera au château de Naves.

Impressionnés par la réussite de Pierre-Antoine JOUHET, ils décidèrent de s’unir pour se lancer dans l’exploitation du kaolin. En dépit du poids politique des deux associés, l’Administration multiplia les embuches et ce n’est qu’en 1855  que débuta l’exploitation. A cause d’éléments défavorables : conditions d’exploitation, ressources en eau moindre qu’à Beauvoir et instabilité des directions,  la société fut liquidée en 1881.

Elle redémarrera sous l’égide de la Société  Nouvelle des Kaolins de l’Allier jusqu’en 1974, date de sa fermeture définitive.

Les kaolins James :

La famille JAMES était une ancienne famille d’agriculteurs d’Echassières. Le gisement avait été mis en évidence par des sondages effectués par Charles  de CADIER, le baron  de Veauce,  et par une étude technico-économique  de 1894. Si Antoine JAMES a hésité, son fils Jean-Baptiste a démarré l’entreprise et l’a développé selon un mode artisanal. Après plusieurs aléas familiaux, l’exploitation a définitivement cessée en 1982.

L’exploitation locale du kaolin a par ailleurs mis en évidence, déjà, le problème du transport. D’abord évacué par des attelages de bœufs, l’achèvement de la ligne de chemin de fer Montluçon-Clermont en 1870, a permis une évacuation plus efficace, même si l’objectivité civique  aurait pu éviter le tracé politico-complexe actuel comportant cinq viaducs et trois tunnels, vétustes eu égard aux tonnages atteignables aujourd’hui ….

Sources : Musée Wolframines d’Echassières