VALENTIN VIGNERON, ARCHITECTE DU PAYSAGE CLERMONTOIS AU XXE SIECLE ET SON EMPREINTE DANS LES COMBRAILLES

4 décembre 2023 | Architecture

C’est en Creuse, à Ahun, que naquit le 17 février 1908 Valentin Vigneron. Issu d’une famille modeste, son père était ouvrier du bâtiment, il commence dès l’adolescence à travailler comme employé au service de la construction des travaux publics des Ponts et Chaussées.
Attiré par l’architecture, il saisit rapidement les opportunités d’emploi au sein de cabinets d’architectes et se forme en parallèle à l’Ecole Municipale des Beaux-Arts de Clermont. En 1928, il choisit de suivre, sans doute porté par un fort tropisme artistique, les enseignements de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs tout en continuant à travailler au sein d’agences d’architecture parisiennes.
Sur le plan privé, Valentin Vigneron épouse, à Pionsat en 1929, Marie-Louise Albertine Favier, fille de Michel Favier et Marie Virginie Bouchardon qui y tiennent une charcuterie.
Pour des raisons de santé et sans être diplômé il quitte Paris et revient en Auvergne en 1930.
Doué, travailleur et ambitieux, il hésite encore entre une carrière d’artiste peintre et celle d’architecte. C’est sa rencontre avec Pierre Verdier architecte au Puy-en-Velay qui l’aidera à mettre le pied à l’étrier en lui proposant une collaboration à Clermont pour le projet de l’immeuble « Dalmas ». C’est donc à partir des années 30 que commence sa remarquable carrière d’architecte.
« Valentin Vigneron a su faire œuvre d’architecte « moderne » dans une ville de province ». (1)
Effectivement, les œuvres de Valentin Vigneron font partie du patrimoine de Clermont-Ferrand avec des édifices comme et pour n’en citer que quelques-uns : l’immeuble pour la famille Dalmas dit « Prisunic » (1934-1935), l’hôtel « Le Savoy » (1934-1935), les immeubles du carrefour Bonnabaud-Rameau (1935-1941), les immeubles de la rue Colbert (1936-1963), la gare routière (1961-1964), la Maison des Congrès et de la Mutualité Agricole (1964-1973), la villa Lise pour la famille Coulon (1933).

Cet architecte hors norme a laissé également une empreinte singulière dans les Combrailles avec plusieurs édifices construits entre les deux guerres : le bureau de postes de Saint-Maurice (1931), l’extension et la construction de maisons individuelles à Saint-Fargeol et Pionsat (1934-1935), le moulin de Virlet (1934).
Au-delà des frontières de l’Auvergne, Valentin Vigneron collabore avec l’atelier du célèbre architecte Auguste Perret lorsque celui-ci est chargé de la reconstruction du Havre en 1945.
« Plutôt qu’une évolution stylistique stricte, l’œuvre de Valentin Vigneron offre des constantes et des tendances qui se superposent chronologiquement. » (2)
Dès ses premières réalisations, l’architecte fait preuve d’une maitrise des matériaux de construction innovants en utilisant le béton armé selon le système de l’ossature (poteaux et poutres), et ceux plus traditionnels comme la brique et la pierre, en parement, dont il met en avant les propriétés esthétiques de la matière.
Il utilise ferronneries, placages découpés de bois, briques de verre, panneaux de mosaïque, lave émaillée pour ornementer les édifices.
« Vigneron maitrisait l’art de la composition des plans et des élévations ; il créait des espaces bien distribués et donnait aux façades le caractère nécessaire. Il possédait un gout prononcé pour le dessin, savait moduler les proportions des parties des édifices et profils de modénatures. » (3)
Une autre facette de l’architecte est celle de l’artiste. Il aimait peindre en plein air et principalement des paysages. Ses œuvres furent nombreuses.
« Son art se caractérise par une maîtrise de la composition, une gamme chromatique puissante et une vivacité des touches brossées proche de l’Impressionnisme. Les couleurs bleu ciel, ocre et vert de ses toiles sont voisines de celles employées pour les mosaïques et les panneaux de lave émaillée de certains de ses édifices. » (4)
Cette sensibilité artistique favorise une fructueuse collaboration avec le peintre Louis Dussour et les sculpteurs Raymond Coulon et Jean Mosnier rencontrés à Paris à l’Ecole des Arts Décoratifs.
Inspiré par les beaux paysages des Combrailles, Valentin Vigneron a réalisé plusieurs aquarelles de Pionsat et de ses environs.
Sources et extraits :
• (1), (2), (3), (4) Valentin Vigneron, architecte clermontois du XXe siècle par Agnès Pranal (Architecte DPLG) et Christophe Laurent (Historien de l’Art), Editions L’INVENTAIRE – 2000
• Valentin Vigneron, Travaux d’Architecture Société Française d’Editions d’Art, Strasbourg – 1936
• Conférence d’Agnès Pranal le 19 novembre 2023 à Pionsat salle @robase pour le Colloque PIONSAT-PATRIMOINE du 19 novembre 2023.