Un article de la revue des Dossiers pédagogiques de la radio-télévision scolaire de 1974 mentionne un ‘’menhir’’ de près de dix mètres de long, autrefois niché dans une parcelle appelée « les Tombes » qui aurait été abattu, en 1972, à l’occasion de travaux de voirie et jeté dans un fossé. Une photographie noire et blanche de qualité moyenne l’accompagne.
Dans le but de retrouver cette pierre levée, une longue enquête a été menée : collecte de témoignages, consultation de documents et sources diverses, notamment le cadastre de 1833, photographies aériennes d’avant et après 1972, images satellitaires et enfin sondages de terrains.
D’abord introuvable, d’autant que le site de dépôt a été bouleversé par des travaux en 2018 et qu’il n’y a pas de fossé au sens où on l’entend communément mais une déclivité créée par un cours d’eau, la pierre ne fut identifiée qu’une semaine avant le colloque de juin 2019, grâce à une photographie de 1974, parmi d’autres rochers déposés en surface…. A la différence qu’elle est beaucoup plus courte que dans l’article initial : 3,51 mètres et non près de six ! A-t-elle été cassée ?
Les grandes cassures, au niveau du pied suivant une fine veine de quartz et un flanc entier, apparaissent anciennes et datent peut-être de son extraction durant la Préhistoire. Par contre, la pierre est marquée par des ébréchures manifestement très fraîches causées par les engins de chantier, soit en 1972, soit en 2018.
L’incohérence concernant les dimensions s’explique peut-être par une erreur de report des notes manuscrites : on serait passé de 3,51 à 5,51 mètres (soit proche des 6 mètres évoqués), d’autant que cette pierre levée était, selon les témoignages, plus haute qu’un homme.
Concernant ses dimensions maximales, son épaisseur est de 50 cm et sa largeur de 116 cm. Bien qu’une face reste inaccessible, cette pierre ne comporte pas de décor, comme par exemple des cupules.
L’étude des micros-reliefs de sa surface peut laisser penser que la partie aérienne, plus patinée par le temps, était d’environ de 2,50 mètres et la partie souterraine d’environ 1,00 m.
Grâce à une photocopie de 1968 où on devine la pierre dans un roncier, son implantation d’origine a été localisée précisément au croisement de la route départementale 525 et de la route qui mène au lieu-dit “la Mazère”.
En conclusion :
• cette pierre levée présente les caractéristiques des menhirs de l’époque néolithique, mais elle n’a pas encore été formellement expertisée par un archéologue.
• une fouille du lieu d’implantation originel pour y retrouver les pierres de calage ainsi que d’éventuels éléments de datation permettrait peut-être d’éclairer le contexte chronologique,
• il s’agit là d’un exemple du patrimoine menacé. Il est urgent d’en prendre conscience et de le protéger pour léguer aux générations futures ces racines locales qui s’inscrivent aussi à une plus grande échelle dans la connaissance de notre passé européen et historique.
Source : conférence JN Joussot à La Cellette, le 29-11-2019