Marx Dormoy aspirait à devenir maire de Montluçon, comme son père qui l’avait été de 1892 à 1908, date de son décès, avant que Paul Constans lui succède jusqu’en 1926, date de sa démission de maire pour se consacrer à son travail législatif.
Ainsi, le 9 mai 1926, Marx Dormoy est élu maire de Montluçon. Il sera reconduit dans ses fonctions en 1929 et 1935.
En 1926, Montluçon est une ville industrielle active. Si les beaux jours de la métallurgie lourde incarnée par l’usine Saint-Jacques sont passés, l’implantation de l’usine de pneumatique Dunlop permettra de soutenir l’activité industrielle.
Montluçon n’est pas épargnée par la crise économique des années trente : les Verreries du Centre et Saint-Gobain, notamment, en sont victimes. Les effets en sont toutefois atténués grâce aux implantations de la Sagem à Domérat en 1933 et de Landis & Gyr à Montluçon en 1939.
Outre l’activité économique, Marx Dormoy est confronté à la nécessaire modernisation de sa ville :
– Sa priorité fut la santé publique : construction d’une maternité, d’un centre de consultation prénatales et de nourrissons, puis l’agrandissement de l’hôpital qui présentait «un aspect misérable et lépreux», l’ouverture d’un dispensaire d’hygiène gratuit ainsi qu’un vaste pavillon pour les tuberculeux, le fléau de l’époque.
– Ensuite son attention se porta sur l’enfance. Jean Zay, Ministre du Front Populaire, ayant porté à 14 ans la scolarité obligatoire, la ville a dû adapter les locaux scolaires, ce qui n’empêcha pas Marx Dormoy de créer un centre aéré sur un terrain de quinze hectares sur la commune de Chazemais. Parallèlement, toujours attentif à l’état physique des enfants, il fit adopter par le Conseil le projet d’aménagement, sur dix-sept hectares, d’un parc des sports à Saint-Jean et d’une piscine, de dimensions certes modestes, au groupe scolaire Paul Lafargue.
– De même, constatant que Montluçon avait grandi trop vite et sans règle d’urbanisme, Marx Dormoy a engagé une politique de salubrité publique. Ainsi à partir de 1933, furent lancés les travaux d’un véritable réseau de tout à l’égout, puis la construction du réseau d’eau potable.
– Concernant la culture, Marx Dormoy implanta une bibliothèque qui, dès 1930, renfermait vingt-cinq mille ouvrages. De même, il a ouvert une école de musique gratuite et favorisa l’essor de «l’Harmonie Municipale».
– Montluçon ayant connu une croissance démographique et une expansion géographique avec le développement de nouveaux quartiers éloignés du centre-ville, Marx Dormoy décida en 1928, la création d’un service d’autobus concédé à une entreprise privée.
– Plus surprenant, Marx Dormoy s’est intéressé à l’aviation dès 1929. Après d’âpres négociations, l’aérodrome de Villars commence à fonctionner. Devenu Ministre, Marx Dormoy obtint de Pierre Cot, ministre de l’air, que Montluçon soit choisie comme siège d’une base aérienne.
– Parallèlement, Marx Dormoy déclencha de grands travaux pour donner du travail aux nombreux chômeurs victimes de la crise économique : élargissement de rues, démolition d’immeubles vétustes, réhabilitation d’immeubles anciens ou restauration du vieux château, dont Marx Dormoy en avait fait une affaire personnelle.
– Enfin, la municipalité de Marx Dormoy a souhaité favoriser le commerce local et pour le promouvoir, a lancé le concept de la foire-exposition.
Marx Dormoy ne verra pas la concrétisation de deux projets qui lui tenaient à cœur : le prolongement de l’avenue de la Gare jusqu’au pied du vieux château et la construction de l’Ecole Nationale d’Enseignement Technique (l’ENET).
Enfin de nombreux autres projets furent exposés par Marx Dormoy lors du Conseil municipal du 22 juillet 1940, parmi lesquels la construction d’une usine d’incinération d’ordures ménagères et la construction de logements à bon marché.
Il n’en verra pas la réalisation, le Conseil municipal de Montluçon ayant été suspendu le 20 septembre 1940. Marx Dormoy mis en résidence surveillée et victime d’un attentat le 26 juillet 1941 à Montélimar.
Sources : Georges Rougeron, Marx Dormoy (1888-1941)
André Touret, biographie de Marx Dormoy