MARX DORMOY : LE PARCOURS D’UN MILITANT

13 mai 2024 | Personnalités

Lorsque son père décède en novembre 1898, Marx Dormoy a dix ans et vit avec sa mère et sa sœur dans le quartier de la Ville-Gozet. Le 23 juin 1900, Marx est reçu au certificat d’études, mais faute de moyens financiers, il n’ira pas au lycée et apprendra le métier d’ajusteur. Ouvrier dans une usine de machines à coudre, il sera rapidement renvoyé en raison de son activité syndicale. Il entrera à la mairie de Montluçon, dirigée par Paul Constans, en qualité de dactylographe, hors période de son service militaire qu’il effectuera en Algérie. Très vite il deviendra représentant de commerce pour les Verreries du Centre où il excellera.
Mais sa passion, c’est la politique. Dès 1906, il devient secrétaire du syndicat des métallurgistes, puis adhère à la SFIO (Section Française de l’Internationale Socialiste). En 1908, il devient membre de la commission administrative permanente de l’Allier. Marx Dormoy participe activement à la campagne électorale des législatives de 1910, qui verra l’élection de Léon Thivrier sur Montluçon-Est et la défaite de Paul Constans sur Montluçon-Ouest, et à la campagne de 1914 où Léon Thivrier et Paul Constans seront élus.
Mobilisé en 1914, le soldat Dormoy reviendra avec trois citations, la croix de guerre deux palmes et une étoile d’argent. Démobilisé au cours de l’été 1919, Marx Dormoy reprend son activité commerciale avant de se lancer dans le négoce du charbon pour son propre compte.
Lors des élections législatives de novembre 1919, tous les candidats de la liste socialiste dont Marx Dormoy sont battus. Seule consolation en fin d’année, Dormoy est élu conseiller d’arrondissement de Montluçon-Ouest.
La Révolution bolchévique de 1917 a engendré un séisme dans la sphère socialiste qui allait se concrétiser lors du Congrès de la SFIO qui se tient à Tours du 25 au 30 décembre 1920. La majorité des délégués décident d’adhérer à l’Internationale communiste fondée en mars 1919 par Lénine. La minorité socialiste regroupée autour de Léon Blum décide de maintenir la SFIO. La gauche française est durablement divisée. Cette scission n’est pas sans conséquence dans l’Allier puisque 80% des sections socialistes rejoignent le nouveau parti communiste.
Viennent alors les élections législatives de 1924 qui voient l’élection de quatre députés socialistes sur cinq, Marx Dormoy est une nouvelle fois battu, ce qui ne l’empêche pas d’être désigné patron du parti socialiste de l’Allier.
L’année 1925 ne commence pas sous de meilleurs auspices puisqu’il est le seul de la liste conduite par Paul Constans à ne pas avoir été élu au premier tour des élections municipales de Montluçon. En juillet 1925, il sera élu au conseil général dans le canton de Montluçon-Est. C’est au congrès fédéral de 1925 que sera adoptée la motion, défendue par Dormoy, demandant à Alexandre Varenne de renoncer à sa désignation en qualité de gouverneur général de l’Indochine. Varenne ne donnera pas suite à cette demande.
Paul Constans souhaitant se consacrer à son travail législatif, il démissionne de son mandat de maire. C’est Marx qui lui succède le 9 mai 1926.
En 1928, Marx Dormoy ne sera pas candidat aux élections législatives, mais sera réélu conseiller général de Montluçon-Est tout comme Paul Constans sur Montluçon-Ouest. Constans sera élu président du conseil général, Dormoy en devenant le rapporteur du budget.
Paul Constans est décédé le 4 octobre 1931. Marx Dormoy lui a succédé à la présidence du conseil départemental, puis le 22 novembre 1931, dans le cadre d’une élection partielle, il a été élu député, mandat renouvelé en 1932 lors des élections générales. C’est cette même année que sera organisé, à Commentry, le cinquantenaire de la première municipalité socialiste du monde en y dévoilant le buste de Christophe Thivrier, l’occasion de réunir à nouveau Marx Dormoy et Alexandre Varenne.
Réélu député en 1936, Marx Dormoy sera successivement sous-secrétaire d’Etat du Gouvernement Blum puis ministre de l’Intérieur entre novembre 1936 et avril 1938. Il deviendra sénateur le 10 janvier 1939.
Refusant de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, Marx Dormoy est arrêté le 25 septembre 1940, assigné à résidence à Pellevoisin, Aubenas, Vals-les-Bains. Il est transféré à Montélimar le 20 mars 1941 où il sera victime d’un attentat le 26 juillet 1941.
Son corps sera rapatrié à Montluçon le 7 décembre 1945, le convoi funéraire reçu l’hommage de la population bourbonnaise massée le long du parcours. Il a été inhumé le 9 décembre 1945 en présence de Félix Gouin, président de l’Assemblée constituante et de Léon Blum après avoir reçu, deux jours durant, dans la salle du conseil municipal, l’hommage de la population Montluçon. Un monument en sa mémoire sera inauguré le 25 juillet 1948 en présence de Léon Blum, président du Gouvernement.
Sources : Henri Amouroux, la grande histoire des Français sous l’occupation
André Touret, biographie de Marx Dormoy