Louis-Charles Desaix, général de division de l’armée du Rhin continue d’engranger les victoires sur l’armée Autrichienne tout au long de 1794.
En 1795, il est chargé d’une mission de liaison durant laquelle il va rencontrer Kléber, Lefebvre, Bernadotte, Moreau. En décembre, il signera la trêve hivernale avec le général en chef de l’armée Autrichienne.
En 1796, à la suite de la trahison de Pichegru, il assure l’intérim du commandement en chef de l’armée du Rhin. Il se retrouve à la tête de cent mille hommes et vingt mille chevaux. La tâche est écrasante, mais assumée.
Le 17 avril 1797, après s’être opposé à Hoche, il lance une nouvelle offensive contre l’Autriche, qui, épuisée, accepte de signer la paix. Desaix, grièvement blessé à la cuisse est hospitalisé à Strasbourg. Contraint au repos forcé et déchargé de sa charge de commandement, il rêve d’Italie. Il sollicite alors une mission auprès du Directoire, qui ne pouvant refuser, le charge d’ouvrir des négociations avec la Bavière afin qu’elle soit astreinte à payer une contribution de guerre à l’armée du Rhin. Il décide de faire un détour par l’Italie, ce qui n’est pas le plus court chemin pour rejoindre Stuttgart depuis Strasbourg, mais le plus sûr moyen de rencontrer Bonaparte.
A l’évidence, Desaix et Bonaparte sont proches l’un de l’autre, par l’âge, le grade, leur origine modeste et leur éducation militaire. Ils ont servi l’Ancien Régime et ont été distingués par la République. Tous les deux sont reconnus par leurs pairs comme chefs de guerre exceptionnels.
Les notes de Desaix confirment que le courant passe entre les deux hommes. Ensemble, la nuit, ils échangent sur les guerres en Europe, le redressement de la France, la mise en place d’une administration performante.
Puis Desaix reprend la route vers Stuttgart, mais ne peut pas accomplir sa mission première, victime de rumeurs : on lui reproche d’avoir couvert Pichegru. Le Directoire le destitue. Desaix alerte Bonaparte qui fait annuler la mesure. Desaix regagne ses troupes, avant qu’il ne soit nommé, à la demande de Bonaparte et à titre provisoire, commandant de l’armée d’Angleterre.
Début 1798, en vue d’un éventuel débarquement en Angleterre, une mission est confiée, par le gouvernement, à Bonaparte. Lui-même inspectera la côte flamande, il confiera à Kléber l’inspection des côtes normandes et à Desaix celle des côtes bretonnes. Ils conseillent au gouvernement d’ajourner une attaque frontale, mais suggèrent un projet alternatif : attaquer indirectement l’Angleterre en lui coupant la route des Indes via l’isthme de Suez.
L’opération est d’envergure : répartir sur près de 300 navires 55 000 hommes et les équipements militaires auxquels s’ajouteront une centaine de talentueux civils (mathématiciens, géographes, historiens, astronomes, …). Bonaparte sera le commandant en chef de cette armée d’Orient. A Desaix, Kléber, Bon et Menou, il confie l’infanterie.
Desaix est envoyé en Italie pour constituer une flotte qui appareillera de Civita-Vecchia tandis que Baraguey d’Hilliers partira de Toulon et Reynier de Marseille. Tous appareilleront le 10 mai 1798 pour se retrouver devant Malte pour ravitailler les équipages en eau. Le grand maître de l’ordre de Malte refusant, Baraguey, Reynier et Desaix débarquent le lendemain avec leurs troupes et en vingt-quatre heures deviennent maitres de l’île. Annexée à la République Française, Bonaparte dote Malte d’une organisation juridique et administrative, laisse en garnison quatre mille de ses hommes commandés par le général Vaubois, fait embarquer mille prisonniers. Il saisit armement et vaisseaux, l’armada lève l’ancre le 18 juin vers l’Egypte.
Dans la nuit du 1er au 2 juillet 1798, Bonaparte ordonne le débarquement à une dizaine de kilomètres d’Alexandrie, à Marabout. Bonaparte confie à Desaix une mission de reconnaissance de la route du Caire en suivant le canal du Nil, à sec l’été. Après une marche éprouvante de quelques soixante-dix kilomètres dans le désert, sous la chaleur et avec peu ou pas d’eau, la division Desaix atteint Ramahieh où ils peuvent enfin se nourrir et se baigner dans le Nil.
Le 12 juillet, l’armée d’Orient, au complet, marche sur le Caire. Après quelques échauffourées avec la cavalerie Mameluk le 14 juillet, elle arrive le 21 juillet à Embabeh, avec d’un côté le plateau de Gizeh et ses célèbres pyramides, de l’autre l’immensité du Caire avec ses trois cent cinquante minarets et la citadelle de Saladin. Entre les deux, la cavalerie Mameluk et la flottille d’Ibrahim-Bey. Après une journée de combat, l’adversaire se dérobe après avoir incendié sa flotte, mais en laissant leurs richesses sur place.
Une nouvelle aventure commence ….
Sources : – Gonzague Saint-Brice, le Sultan de Bonaparte
– Général Gouraud, Mémorial de Sainte-Hélène