L’EGLISE DE TERJAT

22 avril 2024 | Architecture

La paroisse de Terjat a été créée entre 1080 et 1158, sous le vocable de Saint-Martin par démembrement de la grande paroisse de Mazirat. Elle est mentionnée pour la première fois le 23 avril 1158 dans une bulle du pape Adrien IV, adressée à Geoffroy, Prévost des chanoines d’Evaux, religieux implantés à Evaux depuis le Xe siècle. Ce sont ces chanoines qui font construire l’église et géreront la paroisse jusqu’à la révolution. Vendus à la révolution au titre des ‘’biens nationaux’’, l’église et le presbytère furent acquis par la commune.
Pierre Daguet, chanoine régulier d’Evaux, fut prieur. Curé de Terjat de 1707 à 1735, il fut peut-être le premier à modifier son église. Depuis l’époque carolingienne, les églises sont orientées est-ouest, le chœur se trouvant à l’est et l’entrée à l’ouest, pour que les fidèles et le prêtre (avant le concile de Vatican II) soient tournés vers les lieux saints. Comme on ne touche pas au chœur (lieu saint), on ne pouvait agrandir l’église que vers l’ouest. Ainsi, la nef est rajoutée au XVIIIe siècle
Face au chœur, le retable doré surplombe l’autel. Il fut installé par Pierre Daguet. Ce retable est construit sur le modèle d’une scène théâtrale, dans laquelle de nombreux saints sont présents (identifiés ou non), placés sous des arches en plein cintre. En bas, de gauche à droite, Saint-Augustin, Saint-Marien, le Christ en Gloire avec au-dessus de lui Dieu le Père, Sainte-Thérence (Sainte fictive ayant été inventée), et Saint-Jean Baptiste. Au-dessus, de gauche à droite : un évêque, un ange portant une colonne, une vierge avec un enfant. Puis de chaque côté, un peu plus grandes, deux statues dorées : à gauche la Vierge Marie, à droite Saint Martin. Le tableau central du retable figure l’ascension du Christ ; il est dû au peintre italien Lombardi, né à Lucques (Toscane) en 1682, d’une famille qui compte des peintres célèbres.
Sans doute, le curé Daguet ajouta-t-il une sacristie. L’existence du transept,mais aussi le côté droit du chœur, celle du lavabo, d’époque, qu’on ne voulut pas détruire, interdisaient une adjonction latérale ; On construisit donc la sacristie derrière le chœur ; on y accède par une petite porte à droite du retable.On accède par une échelle métallique extérieure (qui a certainement remplacé un escalier en pierre, appuyé contre l’abside et dont on a retrouvé quelques marches sous les ardoises de la sacristie, lors de la réparation des dégâts causés par la tempête de 1982) au clocher-mur imposant, ajouré dans sa partie supérieure de trois ouvertures recevant les cloches.
Le 23 décembre 1756, Georges Jacques Quillery, archiprêtre de Montluçon de 1751 à 1781, prieur de Terjat bénit une première cloche dont le parrain fut Jean-Baptiste Tardet de Lavault, substitut du procureur royal à Montluçon, et sa marraine Madeleine de Bigny, fille du marquis seigneur de Beausson.
Le 28 mai 1768, François Suchaud, curé de Terjat, bénit une cloche sous l’invocation de Saint-Martin, patron de la paroisse ; le parrain fut Jacques Mage, propriétaire au bourg et la marraine Françoise Amélie Le Groing, épouse Chevenon de Bigny, demeurant à Montluçon et propriétaire de Beausson.
Le 5 juillet 1768, c’est la bénédiction de la grosse cloche sous l’invocation de Saint-Jean et Sainte Anne, peut-être disparue, car les trois cloches subsistantes sont de même taille.
Ce qui subsiste de l’église primitive, c’est donc le chœur, puis l’unique travée qui le précède et le clocher-mur, typiquement roman, c’est-à-dire l’ancienne façade qui se trouve aujourd’hui au milieu de l’église !
Vers 1900, un aigle doré fut posé au-dessus du portail de l’église, mais il fut enlevé à la suite d’une contestation. Il est désormais placé derrière la grille de l’ex-presbytère, adossé au mur ouest de l’église.
Présentée en mai 1990 à la Commission Supérieure, la demande de classement du retable fut soutenue par Monsieur Allemant, conservateur régional, et par Monsieur Saunier, inspecteur. La décision du classement des Monuments Historiques intervint en 1991. Aussitôt la restauration commença pour l’autel et le retable, y compris la restauration de la pierre apparente et du crépi du chœur.
Source : Visite organisée par le Comité de Sauvegarde de l’église de Terjat