En Gaule, la mise en place d’un réseau voyer avait commencé peu après la conquête romaine avec le programme conçu par Agrippa, gendre de l’empereur Auguste.
Ce programme comprenait au départ trois grandes voies dont une intéresse particulièrement la région, la Via Agrippa Aquitinia allant de Lugdunum (Lyon) à Mediolanum Santorum (Saintes) en passant par Augustonemetum (Clermont-Ferrand) et Augustoritum (Limoges).
Quand les Romains sont arrivés en Gaule, il existait déjà un réseau voyer gaulois. En effet la colonisation agricole de la Gaule a été effectuée par des tribus celtiques (Arvernes, Bituriges, Eduens,…) venues de l’Est à partir du VIe siècle avant Jesus-Christ. Ces colons disposaient de véhicules à roues et à traction animale : le travois.
Ce type de véhicule était un moyen de transport révolutionnaire pour l’époque. Il permettait d’acheminer des charges de 300 kilogrammes et plus alors qu’auparavant les animaux bâtés ne pouvaient porter qu’au plus 180 kilogrammes. En outre, il convenait bien pour transporter des matériaux légers, mais volumineux comme les gerbes de blé ou le blé en vrac.
Cependant de tels véhicules exigeaient des sols d’une certaine fermeté, sinon les roues se seraient embourbées. Ainsi, dans les régions soumises à un climat tempéré humide, il fallut remplacer les cheminements sur des sols pouvant devenir inconsistants par des chemins faits de matériaux pierreux disposés en couche dans des tranchées plus ou moins profondes. Cela fut le cas de la Gaule, d’où l’existence du réseau utilisé par César lors de ses campagnes militaires.
Il semble que le réseau voyer vicinal, hérité pour l’essentiel des Gaulois a encore été utilisé en France pendant des siècles par des véhicules agricoles à traction animale, ainsi autour de Pionsat, un véhicule appelé localement “chassine”, qui n’est rien d’autre qu’une version modernisée de la charrette celtique, a eu longtemps cours.
Ainsi, le réseau vicinal gaulois est resté au service de l’agriculture tant que celle-ci a utilisé des véhicules à roues pleines et à traction animale lente, c’est-à-dire jusqu’aux années 1950, voire 1960.
Sur le canton de Pionsat :
– le réseau des chemins vicinaux dont nous posons l’hypothèse qu’ils remontent à la période gauloise est encore bien conservé. Ces chemins se caractérisent par une plateforme comportant une chaussée de 2,50 mètres de largeur moyenne qui peut subir des élargissements dans les parties en pente pour permettre aux charrettes de monter en slalomant.
– ils peuvent être établis en remblai ou en déblai, ont des accotements dont la largeur varie de un à deux mètres et sont généralement bordés par des haies vives dont la largeur varie entre cinquante centimètres et un mètre de large.
– même dans les parties où le sol est plat, leur tracé est souvent sinueux car les premiers constructeurs de chemins ne possédaient pas les instruments de visée qui firent leur apparition chez les Romains.
– en 1945, une estimation de la longueur du réseau vicinal a été faite pour la commune de Pionsat par Henri LAUVERGNE, père du fondateur de notre association. Elle était d’une soixantaine de kilomètres pour la partie restée vicinale, ce qui laisse penser, en supposant une densité identique dans les autres communes, à une longueur d’environ quatre cent kilomètres sur le périmètre de l’ancien canton de Pionsat.
Sources : Extraits du Colloque du 26 mai 2012