LE CHATEAU MEDIEVAL DE PIONSAT

27 juillet 2023 | Architecture

L’aile sud-est de l’actuel château de Pionsat, qui selon Pierre BALME, se compose d’un corps de logis, d’une tour ronde et d’une tour carrée abritant un escalier est ce qui subsiste d’un château qui aurait été édifié au cours de la Guerre de Cent Ans, vers 1370 selon J. SEMONSOUS.

Lors de ce conflit, que les historiens font durer entre les années 1337 à 1453, une grande partie de la France actuelle était devenue un champ de bataille entre les Anglais et les Français avec des chevauchées anglaises d’autant plus dévastatrices qu’elles parcouraient un pays où les fortifications étaient souvent mal entretenues, à la suite d’une longue période de paix. Ces dégâts s’assortissaient de ravages par des bandes de mercenaires peu contrôlables.
La réponse française fut alors de fortifier tout le royaume conformément à l’ordonnance de 1367 promulguée par le roi Charles V. Celui-ci donna alors lui-même l’exemple avec l’édification de fortifications de grande ampleur comme à Paris : Le Louvre commencée en 1364 et la Bastille-Saint-Antoine, débutée en 1370 ou encore à Vincennes construite entre 1369 et 1380. Le roi fut suivi par les grands du royaume comme Louis 1er d’Anjou à Saumur.
Les seigneurs de moindre importance optèrent souvent pour des formules réduites à un corps de logis rectangulaire dont les murailles tenaient lieu de courtines et qui était défendu par des tours d’angle, à l’image des châteaux d’Alleuze et d’Anjony dans le Cantal.
Cette tendance a été confirmée sous l’appellation de « petits châteaux massifs » dont la définition était «un haut corps de logis flanqué de près par quatre tourelles d’angle et parfois une supplémentaire pour l’escalier en hors œuvre » comme par exemple les châteaux de Flageac en Haute-Loire ou de Sarzay dans l’Indre.
En fait, cette formule de logis barlongs agrémentés de tours aux angles avait fait son apparition en France dès la fin du XIIe siècle pour répondre au souci qu’avaient les châtelains de se loger d’une manière plus confortable. Ainsi les maîtres d’œuvre des forteresses rurales de la Guerre de Cent Ans n’auraient eu qu’à reprendre un modèle préexistant.
Toutefois, sans doute suffisantes pour se prémunir contre un ennemi ne disposant pas de matériel de siège approprié, les fortifications de ce type perdirent de leur valeur défensive au cours du XVe siècle devant les progrès de l’artillerie. Ces progrès furent sans doute notables dès 1430 mais, insuffisamment généralisés, ils ne jouèrent pas un rôle décisif au cours de la Guerre de Cent Ans.
C’est apparemment dans cette catégorie que l’on peut ranger le château médiéval de Pionsat qui aurait été construit vers 1345 par Guy AUBERT, Seigneur de Pionsat et neveu du pape Innocent VI, au début de la Guerre de Cent Ans, à la frontière des Royaumes Anglais et Français. Ce premier édifice a toutes les caractéristiques défensives d’un château de plaine.
Le premier plan connu dressé par GATTINET en 1796 comportait seulement trois tours, car la tour nord-ouest avait déjà disparu à cette époque. Ce château avait été implanté en aval de la chaussée de l’étang de Pionsat qui figure sur un plan de 1791, mais qui a ensuite été asséché car on ne le retrouve plus sur le plan cadastral de 1833. Le plan initial du château médiéval s’inscrivait dans un rectangle de quarante mètres sur vingt-deux avec une emprise au sol d’environ 390 mètres-carré pour le corps de logis. La tour sud-ouest, encore existante, est haute de quatorze mètres sous toiture et vingt-deux mètres au faîte du toit.
L’évolution du château de Pionsat nous est connue grâce à l’inventaire des plans dressé par les membres de notre association en 2013. Nous pouvons, par exemple, en déduire que la levée des plans de la décennie 1790 a été provoquée par la mise en vente par lots du château et de ses dépendances. Cette mise en vente ne résulta pas de la passation du château au statut de bien national car la propriétaire était une noble qui n’avait pas émigré, mais de la volonté de son héritière, dans l’incapacité où elle se trouvait de l’entretenir par suite de la disparition des redevances féodales rattachées à son titre de seigneur de Pionsat.
En 1962, cette partie médiévale du château a été classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

Sources : Extraits des Actes du second colloque du 25 mai 2013 – illustration Patrick MILLET