LE CHATEAU DE L’OURS

1 septembre 2025 | Actualités PP, Histoire & Économie

La ruine du château de l’Ours domine un site sauvage aux confins des communes de Sainte-Thérence et de Saint-Genest, au confluent du Cher et du ruisseau de l’Ours.
Naturellement protégé par d’impressionnants à-pics, le site n’était accessible que par l’arrête rocheuse sur laquelle le château fut construit. Un ensellement profond, creusé de main d’homme dans le rocher, renforça ce point faible en même temps qu’il procurait la pierre nécessaire à l’édification de la forteresse.
La plateforme occupée par la forteresse s’étend du sud au nord sur une cinquantaine de mètres de long et douze mètres au plus large. Assez bien conservé, le mur d’enceinte mesure un mètre de largeur.
Côté sud subsistent les vestiges des bâtiments d’habitation faisant corps avec le rocher sur lequel ils ont été ancrés. Une cour dallée sépare ces bâtiments d’habitation d’une autre construction surélevée et disparue qui servait probablement d’écurie.
Séparant ces premiers éléments du mur d’enceinte, un passage étroit et montant conduit au niveau du donjon.
Au-delà du donjon, deux cours, séparée par une dénivellation d’un peu plus d’un mètre sont reliées entre-elles par un escalier en quart de cercle de cinq marches. Un autre escalier de trois marches conduit à une esplanade offrant une magnifique vue sur les vallées du Cher et de l’Ours.
Le donjon est le vestige essentiel de cet ensemble fortifié. La maçonnerie soignée, les rares ouvertures aux jambages et linteaux taillés, les chaînages de pierres équarries séparent les trois niveaux de la tour qui mesure aujourd’hui dix-neuf mètres de haut et neuf mètres de diamètre à la base. Jadis, il faut l’imaginer plus haute lorsqu’elle était coiffée de hourds en bois débordant du donjon. En haut de la muraille on remarque des trous où prenaient appuis les jambes de forces qui soutenaient la courtine couverte de tuiles, poste d’observation idéal et moyen de défense vertical.
La salle du rez-de-chaussée, haute de sept mètres, était uniquement accessible par un oculus percé dans le plafond, au centre de la voute. Cette salle était la cave et le magasin à vivres du château.
D’un diamètre intérieur d’environ trois mètres, la salle circulaire du premier étage n’est éclairée que par deux couloirs rayonnants la reliant à travers la muraille aux deux seules grandes ouvertures du donjon dominant le ruisseau de l’Ours. Celle de l’est était agrémentée d’une bretèche en planches reposant sur les deux pierres apparentes en saillies et servait de latrines. L’ouverture nord était accessible par une rampe fixe en bois qui prenait appui sur un pilier reposant au sol, puis par une passerelle amovible, conformément au principe des donjons romains.
Par un escalier à vis construit dans l’épaisseur de la muraille et éclairé par deux petites ouvertures, on accédait au second étage, quasiment borgne, circulaire à l’origine, puis transformé plus tard en salle rectangulaire et pourvue d’une cheminée.
L’occupation première du site pourrait remonter à la naissance de la féodalité aux IXe et Xe siècles, à la demande des moines de Menat pour la protection de leurs implantations de Saint-Genest-Vieux-Bourg, de Polier et de Lavault-Sainte-Anne, le fond de la vallée conduisant tout droit à leur prieuré.
Le donjon datant du début du XIIIe siècle, il est vraisemblable que le site a été fortifié dans le cadre d’une politique défensive de la Combraille menée par Philippe Auguste et son vassal, Guy de Dampierre, contre la menace anglaise venue d’Aquitaine (les Anglais ont occupé Montluçon de 1170 à 1188). En récompense de ses loyaux services, Guy de Dampierre reçut alors la châtellenie de Montluçon en augmentation de son fief et étendit ses terres vers l’ouest. Il fit alors construire, les châteaux de l’Ours puis de Ronnet, places fortes d’un ensemble fortifié s’étendant de Montaigut à Nouhant en Creuse.
Le château de l’Ours ne fut sans doute jamais résidence seigneuriale. Bastion défensif de la châtellenie de Montluçon, il abrita le plus souvent une garnison d’une cinquantaine d’hommes.
Ce château reste un bel exemple d’architecture militaire, mais déjà archaïque d’une cinquantaine d’années à sa construction. Il est inscrit au registre des Monuments Historiques depuis 1995 et est désormais la propriété de la commune de Sainte-Thérence.
Sources : brochure éditée par Combraille Environnement