Après les travaux engagés par Montmorin en 1390, il faut imaginer une église fortifiée, plus élevée que le bâtiment actuel et flanquée de deux tours servant à la défense de l’abbaye dont une au sud-est de 35 mètres de haut.
L’abbatiale était le monument le plus important du monastère et couvrait une surface de plus de 1400 m² avec ses annexes.
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Le portail polylobé :
Un haut fronton devait sans doute limiter la face ouest de l’église dans laquelle a été percé le portail polylobé qui date du XIIIe siècle et comporte cinq lobes et quatre redents ornés de symbole roman : à gauche, deux animaux semblent vouloir s’accoupler ; à droite, une tête de bélier sort de la gueule d’un serpent. Ils sont également garnis de rosaces représentant les quatre symboles romans de la vie : la naissance, l’adolescence, la maturité et la vieillesse. L’arc en plein cintre repose sur des consoles à figures.
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Le chapiteau de Saint-Ménélée :
Classé depuis 1908, il a été creusé pour servir de Fonts baptismaux et placé à l’entrée ouest de l’église. Il représente, à gauche, le jeune Ménélée repoussant l’anneau de mariage présenté par Barontius accompagné de sa fille Sensa et à droite Saint-Théofrède, abbé du monastère de Saint-Chaffre où séjourna Ménélée quelques années avant de revenir à Menat pour y reconstruire l’abbaye détruite.
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La nef :
Les trois vaisseaux de cette large nef du XIIe siècle voûtés pareillement s’étendent sur cinq travées de largeurs inégales. La voûte de pierre a été remplacée au XIVe siècle par une voute en lambris. Irrégulièrement implantés, les huit piliers reliés entre eux par des arcs en plein cintre, sont à noyau carré flanqué de quatre colonnes engagés coiffées de chapiteaux dits «à feuilles grasses» sculptées par un atelier poitevin venu à la fin du XIe siècle ; chapiteau avec croisement des tiges et à feuilles grasses disposées en palmettes, chapiteau à entrelacs de de tiges gonflées de sève et à feuilles grasses, chapiteau dit des lions (dernière grande arcade sud) qui porte la signature d’un certain IRALDUS et l’inscription LEO (avec un O losangé) sur le portail.
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Le transept :
Le transept contemporain de la nef a une croisée rectangulaire voûtée d’une coupole oblongue portée par quatre piles cruciformes à colonnes engagées seulement au tiers. Les bras atrophiés et percés de deux petites chapelles en cul-de-four au XIXe siècle sont voûtés en berceau transversal. A l’origine, ces bras étaient plus longs avec absidioles. Ce sont les travaux de 1845 qui l’ont transformé en transept non débordant, l’insuffisance du budget pour la restauration confiée à l’architecte IMBERT et le désir de libérer la place de l’église pouvant expliquer cette imputation.
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Le chœur
Un chœur moderne datant de 1845 est venu se greffer sur le transept. Surélevé par rapport à la nef, il présente un ornement intérieur sobre avec une grande chaire et des stalles en bois de noyer ornée de sculptures. Des statues, sorties d’ateliers parisiens, représentant les fondateurs du monastère : Saint Avit, Saint Calais, Saint Bracchion, Saint Bravy, Saint Savinien et Saint Ménélée. Deux petites urnes, placées à leur pied renferment des reliques de saint Calais et saint Ménélée. Il reste trois chapiteaux qui faisaient partie du rond-point du chœur roman déposés actuellement au musée de Baltimore (USA), au musée Roger Quilliot de Clermont-Ferrand et à l’entrée ouest de l’abbatiale de Menat.
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Le clocher
Avant sa destruction par la foudre en 1759, le clocher était orné d’une flèche de 18 mètres qui fut réduite à 9 mètres après sa réédification en 1840, le transformant en un petit campanile avec une toiture à huit pans. Original par sa forme octogonale oblongue, il présente au premier étage d’origine très orné avec des arcs en plein cintre et en mitre, ses faces est et ouest étant le double des autres. L’architecte perça pour le second étage des ouvertures jumelées, séparées par une colonnette avec base romane et surmontée d’un chapiteau à feuillages. De part et d’autre de ces ouvertures, une colonnette limite le décor.
Sources : Musée de Menat