LA PREMIERE ABBAYE DE MENAT

26 mai 2025 | Histoire & Économie

Au premier temps du Christianisme, les ermites trouvèrent dans la Combraille auvergnate des retraites isolées propices à la prière qui devinrent des abbayes influentes, telle celle de Menat.

Construite entre 475 et 481, la première abbaye doit sa notoriété à son école monastique où les moines enseignent les Ecritures, la grammaire, les mathématiques, la musique et étudient la liturgie, l’astrologie et l’alchimie.

A la fin du VIIe siècle, Ménélée, aristocrate originaire du Maine, accompagné de Savinien et de Constance restaure l’abbaye en ruines, la dédie à saint Martin et fait présider, en 699, la dédicace de la nouvelle église par saint Bonnet, évêque de Clermont. Il réorganise le monastère et met en place la règle de saint Benoît qui s’impose peu à peu dans tout l’Occident.

En 814, le fils de Charlemagne, Louis le Pieux, roi d’Aquitaine prend le monastère sous sa protection et lui confère le titre d’abbaye royale, ce qui n’empêche pas les destructions lors des invasions normandes de 864, ou plus tard au XIIe siècle.

En 1107, le Pape Pascal II soumet l’abbaye à l’autorité de Cluny et consacre l’église abbatiale. Cependant, fière de son indépendance, Menat refuse de plier sous le joug d’un monastère plus puissant et ne reçoit aucune visite de dignitaire clunisien pendant près de cinq siècles. Son abbé restant élu par les religieux : représentant du Christ dans l’enceinte du monastère, il concentre le pouvoir domestique.

En 1390, un abbé bâtisseur, Geoffroy de Montmorin, conserve la nef du XIIe siècle, mais remplace les  voûtes par un lambris, fait reconstruire le chœur et les bras du transept de l’abbatiale ainsi que les tours fortifiées pour protéger l’abbaye. Le cloître, le réfectoire et le château abbatial datent de cette époque.

A partir de 1516, la mise en commende de l’abbaye entérine une pratique assez néfaste pour le destin de Menat : désignés par le Roi et non plus élus par les moines, les abbés commendataires bénéficient des revenus de l’abbaye sans être obligés d’y résider. Les bâtiments se dégradent et le nombre de religieux diminue de huit jusqu’à quatre à la révolution.

Du lendemain des guerres de Religion (1562/1598) à la Révolution française, Menat règne sur la vallée de la Sioule. Les religieux propriétaires terriens tissent des liens multiples et complexes avec leur entourage en levant des droits seigneuriaux sur vingt paroisses, en fournissant du travail au petit peuple rural et en côtoyant quotidiennement les notaires, marchands et chirurgiens. Les moines jouent un rôle moteur dans la vie religieuse grâce à la mise en place du clergé paroissial (trente-cinq cures), à la pratique de la charité et de l’assistance et à leur rôle d’intercesseurs (culte des reliques et inhumation dans l’abbatiale).

En 1632, Richelieu réaffirme la sujétion de Menat à Cluny.

En 1697, l’abbaye de Menat est définitivement intégrée à Cluny. D’abbaye d’obédience, communauté clunisienne de droit, Menat devient communauté de fait intégrant le grand organigramme de l’ordre. Dès lors, le véritable chef de la communauté n’est plus l’abbé commendataire qui reste cependant influent, mais le prieur claustral, supérieur élu par le chapitre général de Cluny. L’abbaye est inspectée par des visiteurs de l’ordre dont les rapports sont tous catastrophiques, décrivant le délabrement avancé des bâtiments.

Au XVIIIe siècle, seul deux abbés, Jean-François d’Harcourt et Olivier de Lamothe d’Urvoy entreprennent des réparations importantes.

En 1791, après la vente révolutionnaire des biens monastiques, le réfectoire devient un entrepôt, une partie des cloîtres est démolie, une autre laissée à disposition de la commune pour servir de presbytère, le château étant acquis par un particulier.

1793 voit la destruction de la flèche de l’église dont les cloches sont fondues, les archives brûlées, le pavé enlevé.

Au début du XIXe siècle, le chœur et les chapelles rayonnantes sont effondrés.

Entre 1845 et 1850, l’abbatiale bénéficie d’importants travaux de déblaiement et de restauration par l’architecte Imbert. Le château abbatial étant acquis par la municipalité en 1914.

Sources : le Musée de Menat.