LA LIGNE FERROVIAIRE DE PIONSAT

5 juin 2023 | Histoire & Économie

Au-début du XIXe siècle, la France est un pays rural, les voyages s’effectuent sur des routes cahoteuses dans l’inconfort des diligences et des malles-postes. En 1830, la malle poste permet depuis Paris d’atteindre Lyon en 47 heures.
Saint-Etienne-Andrézieux est la première ligne ferroviaire française ouverte en 1828, la ligne Paris/Saint-Germain-en-Laye inaugurée en 1837 est la première destinée au transport des voyageurs.
A partir de 1850, les chemins de fer sont construits à un rythme accéléré, l’Etat fixe le tracé des lignes et prend à son compte des travaux d’infrastructure puis en concède l’exploitation à des compagnies privées.
Dans notre région, une multitude de projets sont envisagés pour desservir les villes, les cantons, les communes et relier Lyon à l’océan. En 1891, un chemin de fer économique relie Marcillat-en-Combrailles à Varennes-sur-Allier. En 1908, après l’achèvement du viaduc des Fades, la liaison Lapeyrouse-Volvic par Gouttières est mise en service.
La découverte du sillon houiller des Combrailles, l’expansion des cures thermales à Néris-les-Bains et le développement de l’agriculture font envisager la construction d’une nouvelle ligne. Ainsi, le 11 avril 1910, une enquête d’utilité publique pour la création d’une ligne de chemin de fer Montluçon-Gouttières par Néris-les-Bains et Pionsat est lancée.
Dans le Puy-de-Dôme, la commission est présidée par le député Alexandre VARENNES, les maires et les personnalités des communes concernées sont demandeurs de la ligne. Malheureusement, la guerre de 1914 met fin au projet.
Ce premier conflit mondial fait aussi apparaître des problèmes de transports militaires, les soldats mobilisés dans nos communes rurales ayant de grosses difficultés à rejoindre rapidement leur unité lors de la mobilisation ou lorsqu’ils viennent en permission. Aussi, dès 1919 le projet définitif est validé, les travaux sont adjugés à l’entrepreneur bourbonnais François MERCIER. Les travaux de terrassements et de génie civil commencent en 1921 et se terminent en 1926.
Quittant Montluçon à 206 mètres d’altitude, la ligne est amenée via Néris-les-Bains à 490 m en gare de Marcillat avant de redescendre pour franchir la rivière Bouron et ensuite elle rejoint, par Pionsat, le point culminant situé dans le tunnel du col des Bouchauds à une altitude de 697 mètres avant de redescendre à la gare de Gouttières, les rampes ne dépassent pas 25 pour mille, le rayon de courbe de la voie est au minimum égal à 250 mètres. La ligne à voie unique de 44,6 kilomètres comporte cinq viaducs et un tunnel, tous construits en granit maçonné.
Une voie provisoire est installée pour assurer le transport des matériaux et l’évacuation des déblais ; à partir de 1923 des locotracteurs à vapeur remplacent les chevaux pour tracter les wagonnets du chantier. Plusieurs centaines d’ouvriers sont engagés, ingénieurs, géomètres, charretiers, terrassiers, maçons, tailleurs de pierre, forgerons. Des baraquements servant de cantines construits en bois sont gérés par les villageois et montées à proximité des chantiers.
Une carrière de granit bleu est ouverte au village du Lavadoux sur la commune de Gouttières, elle approvisionne en matériaux les chantiers d’ouvrage d’art, ponts, viaducs et tunnels. Au début de l’année 1926, la plateforme est remise à la Compagnie d’Orléans pour le ballastage, la pose des rails et la construction des bâtiments. Le 19 mai 1931, la construction de la ligne est terminée et le premier train de reconnaissance inaugure la nouvelle liaison.
L’exploitation ne connait qu’une existence éphémère, dès 1939 le trafic voyageurs est suspendu entre Pionsat et Gouttières, ne subsistent que des trains de marchandises jusqu’à la fermeture définitive de cette portion en 1950. La section Pionsat-Montluçon reste ouverte à la circulation des trains de marchandises jusqu’à l’arrêt définitif de tout trafic en 1969, les voies sont déposées en 1974 et leurs emplacements comme les bâtiments sont cédés à des particuliers ou aux communes.

Sources : Journée du Patrimoine 2019