LA GESTION DE LA PAROISSE DE PIONSAT AU XIXeme SIECLE

2 septembre 2023 | Art & Culture

Selon les termes du Concordat conclu en 1801 entre le Saint-Siège et le Consulat présidé par Napoléon Bonaparte, le Conseil de fabrique est un ensemble de personnes, clercs et laïcs, ayant la responsabilité de la collecte et de l’administration des fonds et revenus nécessaires à la construction et à l’entretien des édifices religieux et du mobilier d’une paroisse catholique. Réorganisés en 1802 et 1809, ces Conseils avaient alors capacité juridique et étaient reconnus institutions de droit public jusqu’en 1905, année de promulgation des lois dites de séparation des églises et de l’Etat.

D’après le Registre des délibérations, le Conseil de fabrique de la paroisse de Pionsat s’est réuni de Novembre 1806 à décembre 1906, c’est-à-dire que ce registre a le grand mérite de couvrir tout le régime concordataire.

Il débute par huit pages réglementaires précisant l’organisation administrative de la vie paroissiale (voir encadré concernant les fonctions des sacristains) et par la mention de l’installation effective du Conseil dès mai 1805.

Sur les 182 pages suivantes se succèdent alors les délibérations, avec une présentation sommaire du budget (les comptes précis et la correspondance sont envoyés aux différentes administrations).

Excepté sept années au début du XIXème siècle qui n’indiquent aucune réunion le compte-rendu de la réunion est annuel, le plus souvent le dimanche de Quasimodo (premier dimanche après Pâques) conformément à la règle. Les comptes sont alors arrêtés et on procède au choix des membres à remplacer.

On remarque que le registre est de mieux en mieux tenu à mesure que l’on avance dans le siècle avec des réunions de plus en plus fréquentes. Les rapports sont généralement bien rédigés car il semble que ce soit en majorité des notables de la paroisse qui siègent au Conseil.

Concernant les visites pastorales, celle de 1813 ne donne malheureusement aucune précision sur la situation spirituelle et matérielle de la paroisse.

Celle de 1842 est nettement plus précise. L’église a 32 mètres de long sur 10 de large. Elle comprend une nef centrale et deux nefs latérales, le chœur et le transept sont de style roman, la nef gothique a été restaurée après coup. Le clocher qui est placé au-dessus du transept est de forme carrée et se trouve dans un état qui menace ruine. Au total l’édifice est de forme resserrée et se trouve en mauvais état, sa solidité laisse à désirer !

La visite de 1885 signale l’existence d’une église de 50 mètres de long sur 14 de large, édifiée entre 1869 et 1874. Le clocher, encore inachevé, est muni de deux cloches. Un inventaire très précis des objets du culte a été fait par le curé Chambon. Il n’y a pas de presbytère et le Conseil de fabrique alloue la somme de 400 Francs pour le logement du desservant.

La visite de 1890 précise que la construction du clocher haut de 50 mètres n’a été achevée qu’en 1887-1888 avec trois cloches, pesant respectivement 1500, 658 et 348 kg, qui ont été baptisées en 1888.

Enfin, les visites de 1898 et 1901 signalent que l’église a une toiture neuve en ardoise et qu’il y a quatre cloches.

En revanche, on ne parle pas de la construction de l’église. Le fait que les délibérations du Conseil n’évoquent pas les dépenses de construction de la nouvelle église laisse supposer que l’édification avait été financée probablement par des dons privés, des subventions des collectivités locales, mais surtout, par une aide de l’Etat. En effet, sous le Second Empire, Napoléon III avait multiplié les largesses à l’Eglise, d’autant que la commune était très bonapartiste (88% des voix en 1848, 97% en 1870)

Concernant les ressources de la fabrique, en 1888, elles s’élèvent à 1958 Francs, produit des locations de bancs et chaises, droits sur les inhumations, cierges, deux rentes et les dons de deux confréries (le Rosaire et le Sacré Cœur). Le déficit est de 288 Francs.

En 1897, il y a eu 40 baptêmes, 16 mariages et 35 inhumations. 400 hommes et 800 femmes ont fait leur communion pascale. Aux grandes fêtes, on compte 500 à 600 fidèles présents à l’église sur une population de 2240 habitants. On y relève aussi qu’«il y a de la foi, mais qu’elle est peu en pratique, l’esprit est léger, peu réfléchi et très inconsistant. Il y a beaucoup d’attachement aux plaisirs et aux biens terrestres».

On note aussi la présence d’une école de filles tenues par les religieuses du Bon Pasteur avec 80 élèves en 1897 et 100 en 1901. Parmi les observations formulées lors de la visite pastorale de 1890, il y a une demande d’ouverture d’une école libre de garçons, apparemment restée sans suite.

Sources : extraits du colloque du 26 mai 2012