LA COMBRAILLE, LE PAYS DE LA WOLFRAMITE 

29 octobre 2024 | Histoire & Économie

Vers 1910, Joseph SINTUREL, cultivateur à Echassières, en labourant son champ remarqua une pierre noire. Pensant avoir trouvé du charbon, il garda cette découverte pour lui « pour ne pas qu’on lui saccage ses terres comme à Saint-Eloy». Puis, sans doute intrigué par sa découverte, il en parla au Docteur TRAPENARD de Bellenaves, qui surpris par la grande densité de la pierre montra l’échantillon à un géologue qui reconnut la wolframite dont la présence avait été révélée dès le milieu du XIXe siècle par Henri LECOCQ, naturaliste Clermontois.

Découverte dès 1783, la wolframite est le principal minerai de tungstène, c’est-à-dire un tungstate de fer et un de manganèse. Dès cette époque, les qualités de ce précieux métal avaient été reconnues, notamment pour son utilisation dans les aciers alliés, enjeu stratégique dans le contexte de course aux armements de la première guerre mondiale.

C’est ainsi que Joseph SINTUREL fût l’inventeur de la future mine des Montmins, Auguste TRAPENARD en devint le co-inventeur et le Directeur de  la société d’exploitation.

En conséquence, une concession fut accordée à la société des Mines de Montmins selon un décret publié en 1917, concession étendue par un décret de 1921 portant ainsi la superficie d’exploitation à  quelques 1933 hectare, partagé sur les communes d’Echassières, Louroux-de-Bouble, Lalizolle, Nades et Servant.

Cependant, dès 1915, les premières galeries avaient été ouvertes à flanc de coteau avant qu’un premier puits soit foncé. Parallèlement, une petite laverie fut installée sur la vallée du ruisseau Sainte-barbe. Ainsi les premières productions, résultat d’un travail de tri manuel exécuté principalement par des femmes, s’élevèrent à  environ 200 tonnes entre 1917 et 1919.

Si l’armistice de 1918 a occasionné une baisse de la demande, la relance eut lieu à partir de 1936, date à laquelle fut construite la laverie industrielle du Mazet où les minerais extraits de La Bosse, distante de près de 4 kilomètres,  étaient acheminés par camions.

En mars 1940, un incendie détruisit la laverie, la production cessa, mais la mine continua à employer 70 salariés, principalement des  jeunes échappant au Service du Travail Obligatoire, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention des occupants qui surveillèrent en permanence la mine et le carrefour de La Bosse.

Il fallut attendre 1946 pour que redémarre la production et la modernisation du site, dopées par le plan Marshall. Les techniques d’exploitation évoluent rapidement, 450 mètres linéaires  de galeries sont traitées mensuellement. La société employait 350 personnes et assurait jusqu’à 30% des besoins nationaux en tungstène au travers de 36 kilomètres de galeries dans le sous-sol d’Echassières.

De 1915 à 1954, l’extraction s’est faite en chantiers souterrains, l’évacuation du minerai et l’apport des matières pour le remblayage étaient assurés par des wagonnets qui transitaient soit par le puits , soit par des ouvertures à flanc de colline. Les galeries principales de circulation pouvaient être boisées si la nature du terrain l’exigeait.

A partir de 1954, un changement radical de l’exploitation a été mis en œuvre : l’exploitation à ciel ouvert. Le site devient alors le domaine des machines,  les gros volumes extraits étaient évacués, après un premier concassage, sur le site de traitement via un téléphérique long de 2700 mètres.

Revers de la médaille, à teneur égale de 65% de métal après concentration, l’extraction en galerie donnait 35 kg de minerai par tonne de tout-venant.  L’extraction à ciel ouvert en donnait 2,3 kg … Mais la quantité de minerai extraite mécaniquement était censée  compenser la perte en qualité de l’extraction humaine !

Si dans les années qui ont suivi la libération, la reconstruction du pays a boosté l’utilisation du tungstène, la loi du marché a repris ses droits. Les asiatiques ont mis sur le marché d’importantes quantités d’un minerai de qualité à bas prix.

Le 28 novembre 1962, l’activité a définitivement cessé à Echassières.

Une nouvelle page industrielle majeure pour notre Combraille pourrait s’ouvrir sur ce même secteur avec l’exploitation du lithium. A suivre …

Sources : Musée Wolframines d’Echassières