LA COMBRAILLE, L’AUTRE PAYS DU CHARBON

3 juin 2024 | Histoire & Économie

Les Chinois seraient les premiers à avoir utilisé le charbon il y a environ 3000 ans. Pour les Européens, il aurait été connu des Grecs dès le IVe siècle avant JC, puis des Anglais en 853. En France, un document daté de 1290 signale, à Albi, une taxe sur le transport du charbon. En Combraille, c’est au XIVe siècle que l’exploitation du charbon apparait à Commentry, puis à Saint-Eloy, à la Vernade, en 1741.
Toutefois, le développement de l’exploitation du charbon en Combraille se heurte aux difficultés de transport : à dos de mulet, en charrette, par voie fluviale. Toutes les manutentions que cela implique pénalisent sérieusement son prix de revient.
Au XVIIIe siècle, le charbon devient la première source d’énergie, en remplacement du bois, grâce à l’invention de la machine à vapeur et de ses applications : les pompes pour évacuer l’eau des galeries, les treuils pour assurer la circulation du personnel et la remontée du charbon.
Au XIXe siècle, l’invention de la locomotive à vapeur tractant les wagons va régler l’acheminement du charbon vers les sites industriels. Ainsi la ligne Saint-Eloy/Montluçon ouverte en 1865, puis la ligne Saint-Eloy/Clermont-Ferrand ouverte en 1909, assurent aux houillères de Saint-Eloy les débouchés à la nouvelle industrie dévoreuse d’énergie. Les exploitations de charbon tournent à plein régime pour faire face à la demande.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, le développement de l’exploitation du charbon, du chemin de fer et de l’industrie sont intimement liés. Par ailleurs, l’introduction de l’air comprimé pour actionner outils et machines, dont le marteau-piqueur, vient soulager le travail du mineur. Enfin, l’électrification au fond des puits fera franchir un nouveau pas dans la modernisation des mines.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, la France aura un énorme besoin d’énergie, ce qui entrainera la nationalisation des exploitations viables. C’est la naissance de Charbonnage de France. En 1958, la production culminera à soixante millions de tonnes de charbon.
L’exploitation du groupe Saint-Eloy/Bouble est classée championne de France avec une production de 740 000 tonnes grâce à l’adaptation et à la modernisation de ses installations et de ses méthodes d’exploitation : concentration de l’extraction sur le puits Saint-Joseph et automatisation du transport du charbon : desserte entièrement mécanisée par chaines à raclettes, convoyeurs blindés et à bande. Remplacement de la cage dans les puits d’extraction par une trémie, transportant cinq tonnes de charbon à chaque voyage, qui se remplissait au fond et se vidait au jour automatiquement.
Sous l’appellation « charbon », on distingue différents produits : la tourbe, le lignite, la houille, l’anthracite. La houille de Saint-Eloy se classait dans la catégorie ‘’flambants gras’’. Une clientèle variée démontre, s’il en était besoin, combien la houille du gisement de Saint-Eloy a contribué au développement de l’industrie et de l’économie régionale : Dunlop à Montluçon, Michelin à Clermont-Ferrand, les Aciéries des Ancizes, les chaufferies des ensembles immobiliers de Clermont-Ferrand, mais aussi la centrale thermique de Menat alimentée par un téléphérique de dix kilomètres.
Bien que très mal adapté à cet usage, le charbon de Saint-Eloy a été longtemps consommé dans les foyers domestiques de la région, pour des raisons de proximité et de coût. Il a été aussi utilisé localement par l’artisanat (forgerons, maréchaux-ferrants), la petite industrie (tuileries, briqueteries, fours à chaux, poteries,…) ainsi que par l’agriculture (alimentation des locomobiles pendant les périodes de battage)
Pourtant à partir des années 1960, le charbon cédera du terrain en faveur du pétrole, du gaz naturel et de l’énergie nucléaire jusqu’en 2004 où il cessera d’être exploité en France.
Au XXIe siècle, la Combraille va-t-elle oser le développement d’une nouvelle source d’énergie présente dans son sous-sol : le lithium !
Sources : – le livre de Bernard SAUVAT : grand-père, raconte-moi …
Le Musée de la Mine à Saint-Eloy-les-Mines