HISTOIRE DE LA FABRICATION DU CHARBON DE BOIS

5 juin 2023 | Histoire & Économie

Avant d’être l’incontournable durant l’été des barbecues, le charbon de bois est d’actualité depuis l’âge de fer, soit depuis environ trois mille an en Europe. Avant d’être industrialisée durant le XXe siècle, la fabrication du charbon de bois était artisanale, au centre même des forêts, par un charbonnier qui était responsable de la construction et du fonctionnement de la meule, appelée aussi charbonnière, sorte de four hémisphérique dans lequel se fait la transformation du bois en charbon d’un noir de jais, très riche en énergie.
Pionsat-Patrimoine a rencontré Didier CHEVIGNY, Président de l’Association des bûcherons charbonniers de Fublène en Bourbonnais à la fête du bois de Sainte-Christine. Nous l’avons accueilli lors du colloque du 27 novembre 2022.
Il nous a, ainsi, fait connaître le processus de fabrication du charbon de bois comme il le pratique encore dans la forêt de Limoise :
• la construction de la meule exige une surface rigoureusement plate.
• le bois de hêtre, de charme ou de frêne est empilé, d’abord horizontalement, autour de la cheminée, matérialisée par un rondin de bois et placé au centre de la charbonnière.
• le bois est ensuite placé verticalement autour de ce noyau central pour former un emplacement semblable à un volcan.
• la charbonnière achevée, elle est recouverte d’une couche de feuilles, de fougères et/ou de mousse, elle-même recouverte de terre afin de rendre la meule étanche à l’air.
• la charbonnière ainsi réalisée est mise à feu en introduisant des braises dans la cheminée, après retrait du rondin la matérialisant.
• le processus de carbonisation durera plusieurs jours jusqu’à ce que la fumée propre et blanche soit remplacée par une fumée noire-grise, signe que le processus est achevé
En effet la transformation du bois en charbon de bois est la résultante d’un processus chimique appelé pyrolyse : phénomène consistant à séparer les composants de la matière grâce à l’apport d’une importante quantité de chaleur, mais contrairement à la combustion, cet échauffement est réalisé en l’absence d’oxygène, empêchant la réaction d’oxydation et de formation de la flamme.
Ainsi dès que la braise a été introduite dans la cheminée, le bois rougeoie à l’intérieur, l’humidité est extraite du bois et les gaz produits par la réaction chimique sont brûlés. Il ne reste plus que le squelette carboné des cellules ligneuses, ce qui explique pourquoi le charbon de bois est si léger et que la combustion ultérieure dans la forge, ou le barbecue, ne produit pas ou peu de flammes, le charbon ayant déjà été débarrassé de tous les gaz combustibles.
Durant le processus de carbonisation, le charbonnier reste en permanence, de jour comme de nuit, à proximité de la meule et en surveille le fonctionnement pour éviter que celle-ci ne soit détruite par un incendie, dû, par exemple, à une entrée d’air parasite dans la meule.
Après un à deux jours de refroidissement, le charbonnier commence à retirer le charbon à l’aide de râteaux spéciaux à pointes très longues en évitant de faire effondrer la meule et en surveillant que la chaleur ne réactive le feu au sein de la meule ou dans le charbon de bois extrait.
Au final, chaque stère de bois empilé donnera, en fonction de l‘essence de bois utilisé entre 50 et 80 kg de charbon de bois.

Sources : Extraits du colloque du 27 novembre 2022