GILBERT ROMME, REVOLUTIONNAIRE

21 juillet 2023 | Personnalités

De retour de Russie, Gilbert ROMME découvre une France sur laquelle plane un vaste nuage sombre qui va finir par éclater.
Le 5 mai 1789, à Versailles, c’est l’ouverture de la réunion des Etats Généraux, Gilbert accompagné de son élève russe STROGANOV, assiste aux travaux de l’Assemblée. Parmi les vingt députés qui représentent la Sénéchaussée de Riom figure le marquis de LAFAYETTE, autre illustre auvergnat. Quant au Tiers-Etat, il compte dix délégués parmi lesquels Constantin THAILLARDAT qui deviendra, en 1804, propriétaire du château de Pionsat.
En juillet, on craint le pire, y compris à Pionsat où le curé donne l’absolution à ses paroissiens comme si leur dernière heure était proche.
Le 12 juillet 1790 est adopté la Constitution civile du clergé exigeant de chaque prêtre un serment. Certains vont refuser : A Château-sur-Cher, le prêtre est conspué, celui de Saint-Hilaire est déporté en Guyane, celui de Saint-Maignier s’exile en Suisse.
La situation exalte Gilbert ROMME, il s’investit au sein du club des Amis de la Loi dans lequel son élève russe y remplit la fonction de bibliothécaire … pour une courte durée, ce dernier étant rappelé en Russie par son père. Quant à ROMME, il y sera interdit de séjour.
En septembre 1791 ont lieu les nouvelles élections législatives. Gilbert ROMME est élu et consacre toute son énergie à deux chantiers :
– d’abord l’enseignement où, en coopération avec Nicolas de CONDORCET, il développe des idées hautement novatrices. Rejetées par l’Assemblée, ces idées verront le jour près d’un siècle plus tard sous la Troisième République avec la promulgation des lois de Jules FERRY,
– ensuite, en collaboration avec le poète François FABRE d’EGLANTINE, il contribue à la mise en place du calendrier républicain ayant pour ambition de réconcilier le temps révolutionnaire avec les lois de la nature.
En décembre 1792, s’engage le procès de Louis XVI. Gilbert ROMME votera la mort. A une voix de majorité, la mort du roi sera ainsi décidée.
Dès lors le pays va se retrouver en situation critique : des soulèvements éclatent en province alors que les armées étrangères ont envahi le territoire. L’Assemblée décrète «la patrie en danger» et décide l’envoi de représentants en mission pour lever des troupes en masse, Gilbert ROMME se rendra auprès de l’armée des côtes de Cherbourg, région où l’on craint une invasion anglaise.
L’Auvergne apporte sa contribution à cette défense patriotique, parmi eux Louis-Charles DESAIX né à Ayat-sur-Sioule, nommé général de brigade en 1793 à vingt-cinq ans, puis promu au rang de général de division. Moins illustre, le caporal Jean TULAT dont la mère est aubergiste à Pionsat.
C’est dans ce contexte que s’instaure un régime de dictature avec un Comité de salut public. Gilbert ROMME reste réservé sur ces pratiques éloignées de son idéal démocratique.
Les arrestations et les exécutions ont lieu à un rythme effréné. De retour à Paris, Gilbert ROMME préside la Convention Nationale du 21 novembre au 6 décembre 1793. L’exécution de Maximilien ROBESPIERRE, le 28 juillet 1794, clôt cette période de violence.
Gilbert ROMME présidera la commission d’enquête qui condamnera à l’échafaud un autre auvergnat fidèle à ROBESPIERRE : Jean-Baptiste CARRIER.
Par ailleurs, il demandera qu’on lui désigne une veuve de soldat mort aux combats pour en faire son épouse.
Le 20 mai 1794 des émeutes de la faim éclatent, la foule envahit la Convention, Gilbert ROMME tente de calmer la révolte en proposant de libérer les patriotes emprisonnés et d’établir le prix du pain à la portée de tous. La troupe a reçu l’ordre d’arrêter les députés ayant soutenu les séditieux. Gilbert ROMME sera des six interpellés qui seront exilés au fort du Taureau dans la baie de Morlaix.
Lors du procès, Gilbert ROMME se défend en vain. Lorsque le moment de l’exécution intervient, il sort un couteau dont il se frappe.
La mort de Gilbert ROMME met fin au grand rêve de 1789.

Sources : le livre de Jean FILLIOZAT : Gilbert Romme, itinéraire d’un révolutionnaire auvergnat