Selon P. BALME, la partie de l’actuel château de Pionsat comprenant le corps de garde et deux ailes au nord et à l’est est l’amorce d’un château Renaissance. A noter que le mouvement culturel qui s’est développé en France à la suite des onze guerres d’Italie menées entre 1494 et 1555 a généré un mouvement architectural qui au cours du XVIe siècle a concerné 2400 châteaux.
Selon J.SEMMONSOUS, Jacques de CHAZERON, premier maître d’hôtel du roi Louis XI, avait acquis la terre de Pionsat en 1482. Son fils François aurait entrepris l’édification de ce château dans le style des grands châteaux de l’époque, Ecouen ou Ancy-le-Franc, par exemple.
François de CHAZERON qui était alors conseiller et chambellan du roi François 1er a pu, de ce fait, bénéficier des subsides royaux ainsi que de l’assistance des grands architectes de l’époque présents à la cour du roi de France.
Dans ces constructions, le plan s’articule autour d’une cour carrée fermée par quatre ailes : une d’entrée flanquée de deux ailes latérales et d’une aile arrière, ces ailes étant reliées par des pavillons d’angle. L’aile d’entrée contient une porte reliée à un pont franchissant une déclivité et chaque latérale est de deux demi-ailes en symétrie par rapport à l’axe de la travée centrale.
C’est donc vers 1550 que les seigneurs de Pionsat entreprennent l’édification du château de style Renaissance au nord de leur château médiéval, pratiquement au même niveau d’implantation.
C’est sur ces considérations architecturales que des membres de l’association se sont efforcés de reconstituer certains éléments du projet initial du château Renaissance.
Le parti pris adopté par les architectes de ces deux châteaux a permis de rétablir la vue en plan de l’aile latérale Nord en procédant par symétrie à partir des plans des architectes. Il sera alors possible de reconstituer le plan projeté pour les trois ailes : l’aile d’entrée Ouest avec le pavillon dit du Corps de garde et les deux ailes latérales Nord et Est.
Pour l’aile Est, les solutions envisagées par le maître d’œuvre pour l’accès à la chaussée de l’étang en position angulaire et sa fonctionnalité sont inconnues. De même pour les pavillons d’angle, le seul modèle qui subsiste est la Tour Sainte-Anne qui est en ruine.
Au final, il y a lieu de noter que si la construction du château Renaissance avait été menée à bonne fin, elle aurait impliqué la disparition total du château médiéval.
La campagne de construction qui s’est achevée vers 1610 a alors produit une ébauche de château Renaissance, soit environ un quart du projet.
C’est cet édifice à la mutation inachevée que Charlotte de CHAZERON transmettra à la famille de CHABANNES par son mariage avec Jacques de CHABANNES. Par la suite, le décès de Jean-Baptiste de CHABANNES, mort sans héritier, puis la suppression des droits féodaux contraignent sa veuve, Louise de COUBERT à vendre le château et ses dépendances en 1792. Puis, après une longue période de déshérence durant laquelle le château est passé entre plusieurs mains, cette partie Renaissance est devenue, en 1879, la propriété de Gustave FARIN.
Gustave FARIN (1833-1911) était un peintre décorateur parisien qui se rattachait à l’école académique de Carolus DURAN. Du fait de son mariage, en 1858, avec Alice-Jeanne CHAMPOMIER, native de Pionsat, il y avait des attaches et avait déposé le 15 février 1911 en l’étude de Maître BAUDRIER à Paris un testament contenant la disposition suivante :
« Je lègue à la commune de Pionsat, Puy-de Dôme, mon château de Pionsat, y compris le jardin, pour y installer la Mairie et la Justice de Paix, comme condition de ce legs j’entends que la mairie actuelle soit transformée en Hôpital qui sera desservi autant que possible par des religieuses et, s’il n’était pas possible de faire de la mairie actuelle un hôpital, l’on pourrait mettre quelques lits dans le Dôme, au reste le Conseil avisera au mieux des intérêts de la commune »
Au décès la même année du légataire, qui fut enterré à Pionsat, la commune de Pionsat devenait propriétaire du château Renaissance.
Toutefois, les termes mêmes du testament contenaient un certain nombre de ‘’pièges’’ concernant l’utilisation de l’édifice. Cela a entrainé six décennies et demie de tribulations comportant même une phase qui s’est terminée en 1975 pendant laquelle la propriété de l’édifice a même échappé à la commune alors qu’elle se préoccupait de le mettre en valeur dans des buts culturels et sociaux.
Sources : Extraits des Actes du Colloque du 25 Mai 2013 – illustration : Patrick MILLET