MARX DORMOY : PARLEMENTAIRE ET MINISTRE
Marx Dormoy, élu trois fois maire de Montluçon (1926-1929-1935) et trois fois député (1931-1932-1936) est depuis plusieurs années partisan de la participation des socialistes au pouvoir.
Appelé par Albert Lebrun, président de la République, Léon Blum forme, le 4 juin 1936, un gouvernement composé de 21 ministres et 14 sous-secrétaires d’Etat. Marx Dormoy est nommé sous-secrétaire d’Etat rattaché à la présidence du Conseil. A noter que, dans ce gouvernement, trois postes de sous-secrétaires d’Etat seront occupés par des femmes (Marie Brunschvicg, Irène Joliot-Curie et Suzanne Lacore), alors que les femmes n’avaient toujours pas le droit de vote !
Le 8 juin 1936, sont signés les accords de Matignon emportant la semaine de travail de quarante heures, deux semaines de congés payés et le principe des conventions collectives. Marx Dormoy est chargé de négocier les accords particuliers.
Au cours de l’été 1936, ce sera le nouveau statut de la Banque de France, la nationalisation de plusieurs fabriques d’armements, la prolongation de la scolarité obligatoire, la création de l’Office du blé. Dans le même temps, des mesures répressives sont prises contre les ligues paramilitaires.
Ces mesures n’empêcheront pas la reprise des mouvements sociaux à l’automne, c’est Marx Dormoy qui mènera les négociations avec les partenaires sociaux.
Le 17 novembre 1936, le ministre de l’Intérieur Roger Salengro, harcelé plusieurs mois durant par une campagne de calomnies s’est suicidé, il est remplacé par Marx Dormoy qui sera confronté à plusieurs dossiers délicats :
- la révocation de Jacques Doriot de son poste de maire de Saint-Denis à qui l’on reprochait de ‘’flagrants délits de gestion’’,
- l’assassinat à Paris de l’économiste Navachine, dirigeant d’une banque commerciale pour l’Europe du Nord, accusé d’être un espion soviétique,
- la fusillade lors d’une manifestation à Clichy organisé par les opposants du parti social français (ex-Croix de Feu) du colonel de La Roque entrainant la mort de 5 personnes et la blessure d’au moins 200 manifestants,
- le double meurtre de Carlo Rosselli, professeur d’économie et combattant des brigades internationales et son frère Nello, historien réputé,
- le double attentat contre des immeubles du syndicat patronal provoquant de très importants dégâts et la mort de deux policiers,
En janvier 1938, alors qu’il a été reconduit comme ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Camille Chautemps, Marx Dormoy informera la nation que les fauteurs de troubles étaient membres du CSAR (Comité Secret d’Action Révolutionnaire) plus connu sous le nom de ‘’la Cagoule’’, organisation politico-militaire clandestine de nature terroriste.
Il sera de nouveau un éphémère ministre de l’Intérieur sous le second gouvernement Blum de mars-avril 1938.
Marx Dormoy sera élu sénateur de l’Allier le 23 octobre 1938 et devra en conséquence abandonner son siège de député de Montluçon-Ouest. L’élection complémentaire verra l’élimination du candidat soutenu par Marx Dormoy et l’élection du communiste Eugène Jardon, maire de Domérat.
Le 23 août1939, le pacte de non-agression est signé entre l’Allemagne et la Russie soviétique à la surprise générale des démocraties occidentales.
Le 10 mai 1940, c’est l’offensive allemande vers l’ouest. Le 14 juin, les allemands rentrent dans Paris. Le 17 juin le maréchal Pétain forme un gouvernement et demande l’armistice.
Le 10 juillet 1940, Marx Dormoy votera contre l’octroi des pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Début septembre, après Edouard Daladier et Paul Raynaud, Marx Dormoy apprend que Léon Blum vient d’être interné administrativement. Marx Dormoy sera appréhendé à son domicile le 25 septembre au matin.
Sources : André Touret, biographie de Marx Dormoy
Georges Rougeron, Marx Dormoy (1888-1941)