LE RESEAU ROUTIER : DE CASSINI A MICHELIN

5 juin 2023 | Histoire & Économie

En France métropolitaine, la représentation cartographique du réseau routier, ou voyer, commence d’une manière sérieuse et systématique avec la carte dite de Cassini, parce que dressée par la famille Cassini, principalement César-François et son fils Jean-Dominique au XVIIIe siècle. Ce fut la première carte topographique et géométrique établie à l’échelle du royaume de France dans son ensemble.
Cette carte est constitué de 1882 feuilles à l’échelle de 1/86 400 parues entre 1756 et 1789 à partir des relevés effectués entre 1756 et 1789. Toutefois ne figurent sur la carte de Cassini que les liaisons entre les bourgs d’une certaine importance. Ainsi pour le canton de Pionsat, on ne trouve que les tracés de deux routes : celle reliant Saint-Gervais à Evaux par Saint-Fargeol et celle reliant Montaigut à Auzances qui se croisent au bourg de Pionsat.
Cependant, vers la fin du XVIIIe siècle, l’existence d’un réseau voyer d’une plus grande densité était connue et une loi du 28 septembre 1791 le désignait même sous le nom de « chemins nécessaires à la communication des personnes et entretenus au dépens des communautés sur lesquels ils sont implantés »
Au siècle suivant, l’ampleur de ce réseau, souvent plusieurs dizaines de kilomètres par commune, a été révélé par la feuille au 1/10 000 dite ‘’plan d’assemblage’’ jointe aux autres documents du Cadastre dit de Napoléon déposés dans les mairies de chaque commune. Prescrites par la loi du 15 septembre 1807 les opérations de lever et de rédaction de ce Cadastre s’étaient étalées de 1807 à 1850, sauf pour la Corse et les deux départements de la Savoie.
Par la loi du 14 juin 1836, ces chemins furent alors désignés sous le nom de chemins vicinaux et classés en ordinaires, d’intérêt commun ou de grande communication.
La largeur de la chaussée de ces chemins vicinaux dépassait rarement 2,50 mètres, même pour ceux assurant la liaison entre bourgs d’une certaine importance. Une telle largeur rendait malaisé le croisement de véhicule à traction animale de l’époque, ce qui a motivé, en 1836, la promulgation d’une loi prescrivant la construction dans chaque département d’un réseau de routes comportant une chaussée de quatre à cinq mètres de largeur. L’établissement de ce réseau fut alors confié au corps des agents voyers départementaux.
Il s’est agi, dans un premier temps de relier entre eux les chefs-lieux des cantons par des routes qui, plus tard, furent appelées routes départementales. Pour le canton de Pionsat, les liaisons routières inter-cantonales établies selon ces normes furent achevées vers 1870. Les tracés empruntaient à l’occasion ceux des chemins vicinaux tout en laissant subsister en l’état certaines portions figurant sur la carte de Cassini.
Par la suite le tracé de ces routes fut reporté sur les cartes d’Etat-major puis de l’IGN qui succédèrent à celle de Cassini, à 1/80 000 puis à 1/50 000 et à d’autres échelles.
En France, l’intérêt pour l’histoire des réseaux routiers remonte au XVIIe siècle en privilégiant le legs de l’Empire Romain : les fameuses voies romaines, dont l’existence était connue par des observations de terrain et par des travaux de géographes de l’Antiquité qui avaient été réédités au XVe siècle par un érudit italien et par la Table de Peutinger, une carte schématique où figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain au IVe siècle de notre ère. Ces voies romaines font encore l’objet de nombreuses recherches qui portent principalement sur les itinéraires du ‘’cursus publicus’’, c’est-à-dire du réseau voyer public qui servait à la gestion administrative et militaire de l’Empire romain, l’équivalent de nos grandes routes nationales et de nos autoroutes.
Au XXe siècle, place aux cartes Michelin dont la première apparait en 1905, puis entre 1910 et 1913, Michelin réalise la couverture de la France en 47 cartes. La carte n°1 couvre la région de Clermont, elle est entièrement dessinée à la plume, chaque texte est écrit à la main. Ces cartes n’ont pas changé avec leur aspect d’accordéon de deux fois dix plis de onze par vingt-cinq centimètres…. C’est celle que vous connaissez si vous n’êtes pas encore passé au GPS !

Sources : Extraits du Colloque du 26 mai 2012