Une motte féodale, appelée aussi motte castrale, est un château fort primitif édifié par un seigneur pour lui-même et son entourage. La motte féodale avait trois fonctions : résidentielle, défensive et symbolique (symbole culturel et social de domination), quoique la fonction résidentielle soit absente de certaines mottes qui n’ont pas de basse-cour.
Des recherches récentes montrent que l’âge des mottes n’est plus seulement les Xe et XIe siècles, mais qu’il en a été élevé dans le sud de la France jusqu’au XIIIe, voire au XIVe siècle, construites par de petits seigneurs sans grande fortune ou des puînés.
Les archéologues classent les mottes en trois catégories :
• les mottes bâties sur un accident naturel et à l’abri, par exemple un rebord de plateau ou une colline,
• les mottes totalement artificielles sur terrain plat et sans appui du relief,
• les mottes qui forment une variante des deux précédentes : une levée de terre annulaire, renforcée par une palissade.
La motte est un tronc de cône aux flancs pentus dont l’inclinaison est généralement de trente degrés. Les dimensions varient d’un site à l’autre : de vingt à cent mètres de diamètre à la base et cinq à vingt mètres de hauteur, mais généralement les mottes ont un diamètre de base de trente mètres, un diamètre sommital de dix mètres et une hauteur de dix mètres. La hauteur était importante puisqu’indice de richesse.
De nombreuses fouilles archéologiques ont révélé que les mottes étaient des objets artificiels, généralement faits de terre, structurées en couches de consolidation.
Divers indices plaident en faveur de la présence d’une motte féodale à la queue de l’étang de Durat :
• la parcelle n°85 de la section C « La Farge» sur le cadastre de 1833, est appelée «Terre de Chatillot», du latin médiéval castellum, fortification, châtillon.
• l’image satellitaire sur Google maps montre une ombre qui révèle une butte circulaire au sud de la parcelle qui mesure environ 30 mètres de diamètre (à noter cependant que les photos aériennes ne font rien apparaître)
• le chemin axé nord-sud passant à son pied contourne la butte à cet endroit alors qu’il est, partout ailleurs, rectiligne jusqu’au lieu-dit l’Etrade (orthographiée l’Estrade sur le cadastre 1833). Ce chemin stratégique relie bien deux voies anciennes situées de part et d’autre du Boron : Gouttières-Evaux par Saint-Hilaire et Château-sur-Cher (probablement voie antique puis médiévale) et Gouttières – Evaux par Pionsat et le Pont-de-Rameau (voie antique secondaire peut-être, mais assurément voie médiévale et moderne importante)
La prospection de surface a permis de bien voir l’élévation de terrain au sud de la parcelle, certes fortement arasée puisqu’elle ne dépasse que de deux mètres le sol de la parcelle), mais reconnaissable. Aucun vestige apparent tel que tessons de poterie, ne permet cependant d’attester d’une quelconque présence anthropique en ces lieux. Au nord et bordant la parcelle, l’ancien chemin de la Bartèche, aujourd’hui condamné, mais propriété communale est fortement creusé, souvent en eau, alors que sur le reste de son parcours vers la Bartèche, il est au ras des champs environnants : il pourrait s’agir de l’ancienne douve périphérique qui entourait la motte et sa basse-cour, réutilisée comme chemin après l’abandon du site.
Ce site est en attente de l’expertise d’un archéologue qui pourra confirmer ou infirmer l’hypothèse, mais il s’agit bien d’une motte féodale, son histoire est probablement en lien avec l’ancien château de Durat (XIIe/XIIIe siècle) tout proche et en ce sens, il est important pour l’histoire locale de Pionsat et de La Cellette.
Source : Extraits du colloque du 15 juin 2019